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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/254

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orientaux « Mostansir le fou. » Ce fou, petit-fils de fou, ne fut pas capable d’apprécier Hasan. Hasan, sur l’heure, commença d’intriguer. Ce n’était pas assez pour un tel ambitieux de se plonger dans le trésor des pensées noires que Hakim avait laissées au Caire, il chercha à mettre la main sur la dynastie. C’est ce que l’on voit dans ce texte hautement significatif de ses Mémoires :

« Quoique durant tout le temps de mon séjour je n’aie pu parvenir jusqu’à Mostansir, néanmoins, ce prince était instruit de ce qui me regardait, et à plusieurs reprises il fit mon éloge. L’émir Aldjoïouch ou chef des armées, qui l’avait asservi à son pouvoir et qui exerçait sur lui une autorité absolue, était beau-père de son fils cadet, Mosta’by, que le calife avait déclaré son successeur par un second acte de sa volonté. Mais moi, conformément aux principes fondamentaux de la doctrine que je professais, je prêchai en faveur de Nizar. Pour ce motif l’émir Aldjoïouch me fut contraire et se disposa à me faire un mauvais parti… »

Un texte, à mon avis, d’immense importance ! C’est la charnière même de l’œuvre des Hashâshins. C’est dans ce texte que je vois naître l’idée qui fut couvée par Hasan, entretenue par Rashid-eddin Sinan, et qui, aujourd’hui encore, dans leur décadence, soutient les Hashâshins… Je m’en suis convaincu sur place, au cours de mon voyage, et mes lecteurs s’en apercevront, quand nous serons ensemble à Qadmous. Sous les oliviers de Qadmous, parmi ces pauvres Hashâshins dégénérés, il y aura encore une voix qui s’élèvera pour affirmer les droits de Nizar… Mais ne devançons pas l’ordre de notre récit.

Hasan dut fuir d’Egypte, après dix-huit mois environ (en 1080). Il emmenait avec lui le fils de Nizar : retenez bien cela, c’est le fait dont nous entendrons les pauvres gens de Qadmous se réclamer…

Et de nouveau le voilà au milieu des périls et des fatigues. Mais le cœur plus audacieux que jamais. Il aborde en Syrie, se rend à Alep, à Bagdad, et arrive à Ispahan, au printemps de 1081. Partout il faisait une ardente propagande en faveur de Nizar. À Ispahan, il s’alla loger chez un certain affilié, Abou el-Fazl, toujours rêvant aux moyens de se débarrasser de Mélik-shah et de Nizam el-Mulk, et parfois rêvant tout haut : « Ah ! si