Une question se pose devant le Parlement : ces Frères des Ecoles chrétiennes qui, jusqu’au début du XXe siècle, furent surtout connus, à l’ombre de chaque clocher, comme les éducateurs des petits Français, doivent-ils à l’avenir être assimilés aux missionnaires qui propagent au loin la foi religieuse de la France, et obtenir, à ce titre, certaines facilités légales d’installation et de recrutement ? Un coup d’œil sur leur récente histoire, un coup d’œil sur leur actuelle diffusion, nous convaincront qu’en répondant affirmativement à cette question, le Parlement ne fera que sanctionner une réalité, une réalité bienfaisante pour l’intérêt national.
Le XIXe siècle, en rapprochant les distances, recula le champ d’action de certains instituts religieux, primitivement fondés pour les besoins spirituels de la nation française. Les Frères des Écoles chrétiennes, organisés sous Louis XIV par saint Jean-Baptiste de la Salle, prirent conscience, dans les cent dernières années, d’une vocation nouvelle : on les vit faire acte d’institut missionnaire, et aspirer à réaliser dans toute sa plénitude l’auguste consigne d’ « enseigner toutes les nations ».
Avant la Révolution, ils ne possédaient d’autres maisons, hors de France, que celle de Rome, ouverte du vivant même du