haute, portant le groupe de Saint-George et du Dragon, enferme un jeu de cloches. Le style est grave, simple, rude, et transpose dans une forme originale certains caractères des anciens monuments suédois, avec des souvenirs de la Flandre, de l’Allemagne et de l’Orient. La grande cour intérieure, entourée de galeries, ouvre, d’un côté, ses arcades, sur le paysage du Mœlar, et l’on voit les mâtures et les voiles mouvantes des bateaux entre les lourds piliers rougeâtres. De cette cour, montent les escaliers décorés de sculptures en pierre, jusqu’aux salles du premier étage ; la grande salle des séances, décorée d’étoffes pourpres et de boiseries ; le « Hall bleu » réservé aux fêtes, et qui peut contenir deux mille personnes ; la magnifique « salle dorée », toute couverte de mosaïques et qui fait songer aux églises de Ravenne.
Les cent conseillers municipaux, pour se rendre à la salle rouge, devront suivre une galerie voûtée, haute de trente et un mètres, qui occupe tout le bas de la grande tour, et sous l’escalier conduisant à cette voûte, on a réservé une salle de réunion, jolie comme un boudoir, pour mesdames les Conseillères.
Quand on s’est bien saturé de cette modernité mêlée d’archaïsme, n’est-il pas délicieux d’aller au Skansen découvrir la Suède rustique ? Car si la ville de Stockholm n’est pas toute la Suède, on peut dire cependant que toute la Suède est à Stockholm, ou, plus exactement, au Musée du Nord et au Skansen. Voyageons dans l’espace et dans le temps ! Au Musée du Nord, des mains, tendrement filiales, ont réuni les épaves glorieuses du passé. Il n’y a rien d’analogue, en aucun pays, ou rien d’aussi parfaitement beau. L’histoire des Vikings, l’histoire des rois, l’histoire obscure des paysans sont là, sous nos yeux,
comme un livre d’images, enluminé des plus fraîches couleurs. Armures des rois, costumes ensanglantés par l’épée ou la balle dont, les traces sont visibles, habits de couronnement, vêtements argentés que porte Gustave III dans le grand tableau de l’Académie, robes de reines aux étroits corsages, aux paniers démesurés, voisinent, avec les costumes des paysans de toutes les provinces, et la vaisselle d’or avec les écuelles de bois.
Une série de petites salles est consacrée à cette représentation de la vie rustique. Des mannequins très bien exécutés et qui sont des œuvres d’art, portent les robes multicolores, les coiffes aussi variées que celles de nos Bretonnes, les