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ont, eux-mêmes, abîmé, bien après le départ des Français, les locaux de la Chambre de commerce à Bochum (voir encore la photographie de l’Illustration), pour montrer les « dégâts » aux journalistes neutres convoqués spécialement, dont une Suédoise ; enfin que la France a la conscience tranquille et qu’elle ira jusqu’au bout de son droit, non pas contre la paix, mais pour la paix du monde.

On me répondait :

— Peut-être !... On ne sait rien... On n’est pas suffisamment renseigné... Il faudrait envoyer une commission de neutres dans la Ruhr, pour qu’ils voient, de leurs propres yeux...

— Pas comme à Bochum, en tout cas !

Après cette conversation, Mme F... a écrit, dans un journal de Stockholm, un article sympathique et même élogieux. Mais elle regrettait, disait-elle, que j’aie des sentiments « nationalistes ; » que j’adopte toujours « le point de vue patriotique, » et que, dans la Veillée des armes, où j’ai raconté la vie de Paris pendant les deux jours qui précédèrent la mobilisation, je n’aie pas déclaré que j’étais « contre la guerre », — comme si des gens attaqués par des apaches devaient proclamer avant de se défendre : « Je suis contre l’emploi de la force brutale ! »

Je rapporte ces petits traits parce qu’ils marquent l’élut d’esprit d’un grand nombre de Suédois.


L’ATTAQUE ET LA PARADE

Comment nous défendre, et d’abord, faut-il nous défendre ? Certains haussent les épaules : « Bah ! les sottises inventées par les Allemands tomberont d’elles-mêmes. Ça n’a pas d’importance. » Je conseille à ces sceptiques d’aller faire un petit voyage dans les pays du Nord.

A Lund, ville universitaire, dans cette partie méridionale de la Scanie qui touche presque au continent, il y a une seule famille française, celle du lecteur à l’Université, M. Virgile Pinot. Pendant la guerre, M. Virgile Pinot était sergent d’infanterie dans les tranchées. Sa femme, qui avait tous les titres nécessaires, le remplaça pendant deux ans, à l’Université de Lund, gratuitement, et avec un dévouement absolu qui eût bien mérité une récompense... Depuis l’armistice, M. Pinot à repris son poste. Quand les journaux pro-allemands de Lund