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Le chef en souriant me répond :

— Nous le savons, mon ami, c’est pourquoi nous avons trouvé chez vous une carte de convocation relative à l’année 1914.

— C’est le résultat d’une erreur… ce qui n’est pas étonnant dans la garde civique.

Ensuite, le chef me montre une enveloppe portant le cachet du ministère de la guerre, ainsi que mon adresse et me demande si je connais cela.

Je réponds affirmativement et fais remarquer que le cachet de la poste indique que j’ai reçu cette enveloppe avec son contenu en juin 1914, donc avant la guerre.

— Et c’est tout ce que vous avez à nous dire au sujet de cette enveloppe ?

— Oui, monsieur.

— Allons, voyons, ne dites pas cela !

— Je ne puis vous donner aucune explication au sujet de la dite enveloppe.

— Vous connaissez M. Cayron ?

— Non, monsieur.

— Et vous ne connaissez pas ce monsieur, répète-t-il, tandis qu’il me fait voir la photographie du jeune homme qui était chargé de venir prendre les « Mots du soldat. » Je compris tout de suite qu’il devait avoir été arrêté chez moi le dimanche matin.

— Oui, je connais ce monsieur, mais j’ignorais son nom.

— Vous connaissez Mme  Bodart ?

— Oui, son fils et sa petite fille viennent fréquemment voir mes enfants.

Cette question me prouvait que le petit Bodart avait été également arrêté chez moi…

— Connaissez-vous le prince de Croÿ ?

— Oui, monsieur.

— Comment l’avez-vous connu ?

— Parce que j’ai été recommandé à Monseigneur pour des travaux.

— Comment se fait-il que vous êtes en possession de sa carte de visite ?

— Elle m’a été remise un jour que Monseigneur a passé chez moi. Je tiens à rappeler, par principe, que je ne répondrai jamais aux questions qui pourraient compromettre un tiers.