placée à Rome dans la bouche de Cybèle ? Mais entre toutes, je rêve de la pierre noire d’Émèse, qu’accompagne, sur les monnaies d’or, un aigle. Sont-elles le symbole de l’occultation universelle, le rappel que toutes les causes premières demeurent inaccessibles à l’esprit humain ? Et que signifiait alors la gigantesque émeraude lumineuse, exposée à la vénération des fidèles dans le temple de Tyr ? Émeraude et pierres noires me paraissent l’emblème du feu et le symbole de l’amour. L’émeraude, c’est le feu ardent ; la pierre noire, c’est le repos de l’étincelle qui n’a pas encore jailli. Je n’aurai jamais fini d’épuiser ces belles choses que Descartes a dites sur les germes de feu qui reposent dans le caillou, comme des germes de science dans l’homme. « Par ces pierres, aussi bien que par les chrysalides, la nature nous suggère un perpétuel spera. »
La pierre d’Émèse, appelée Elagabalus, et dont le jeune dément qui fut empereur s’appropria le nom, était marquée de saillies et d’empreintes, qui la faisaient à la fois mâle et féminine, et que l’on avait bien soin de laisser voir quand on l’habillait de riches vêtements.
Voilà ce qu’il plaisait à ces imaginations extravagantes des Syriens de lire sur une pierre ; et nous, que voulons-nous y déchiffrer ? Toutes les imaginations, les plus hautes et les plus pures, restent permises. Écoutez cette page du cardinal Pitra : « On s’obstine à nous dire que des hymnes sont écrites en lettres gigantesques sur les roches du Sinaï. Ici (à Rome), le père Secchi est mort, convaincu qu’il pouvait lire les hiéroglyphes de l’Égypte. Les pyramides de Gyzeh sont-elles les colonnes de Seth antédiluviennes ? Que le père Kircher se soit mépris en lisant le Dixit dominus sur l’obélisque de Saint-Pierre, je n’ai qu’y faire ; mais un autre lira mieux et plus encore. Volontiers j’en croirais je ne sais quelle sainte âme qui me disait sérieusement qu’il y avait un très beau cantique gravé sur l’obélisque de Louqsor dressé à Paris place de la Révolution… »
Héliogabale transporta à Rome sa pierre sacrée, et la plaça auprès du feu de Vesta. Puis il la maria à la dea cœlestis de Carthage, à la Tanith punique, qui avait été consacrée par Didon. Pour lui faire une cour, il groupa autour de ce couple insensé toutes les pierres divines de l’Asie. Et il exécutait devant elles ses danses sacrées. Même il leur offrit des sacrifices humains.