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paix de Villafranca si brusquement conclu, qui laissait la Vénétie à l’Autriche, détermina bien une certaine déception, mais cette déception fut effacée par l’acquisition de Nice et de la Savoie cédées à la France, et, soit dit en passant, je trouve que quand on fait le bilan de l’Empire et qu’on lui reproche avec raison de nous avoir fait perdre l’Alsace et une partie de la Lorraine, on ne fait pas assez entrer en balance cette acquisition.

La guerre d’Italie, qui devait par la suite engendrer dans la politique impériale tant de complications, tournait donc momentanément au profit de l’Empire. Les évêques, sauf quelques exceptions comme Mgr Dupanloup, s’étaient ralliés à lui. Le moment n’était pas encore arrivé où un des plus ardents, Mgr Pie, l’évêque do Poitiers, devait dire, en reprochant à Napoléon III de n’avoir pas suffisamment défendu le Pape : « Lave tes mains, ô Ponce Pilate ! On n’en dira pas moins dans les siècles des siècles : Sub Pontio Pilalo passus et sepullus est. » En immense majorité les catholiques lui demeuraient fidèles. Le Correspondant, organe des catholiques libéraux, était peu répandu. Ce n’était qu’une revue ; un journal qu’ils avaient fondé n’avait eu qu’une courte durée. Le Correspondant comptait bien un nombre d’abonnés considérable pour une revue. Mais ces abonnés, suivant le mot spirituel de quelqu’un qui y écrivait, « ne causaient point entre eux de ce qu’ils lisaient. » Les articles qui y paraissaient avaient donc peu de retentissement,sauf parfois un article de Falloux ou de Montalembert. Un article de Montalembert valut à ce dernier une condamnation à l’emprisonnement, dont, avant l’expiration des délais d’appel, l’Empereur lui fit grâce, « à l’occasion du 2 Décembre, » disait le décret, épigramme d’assez mauvais goût, car elle faisait allusion à l’adhésion momentanée de Montalembert au coup d’État, à laquelle Montalembert répondit fièrement qu’il était de ceux « qui n’acceptent point de grâce » et ne demandent que la justice. Le duc, qui n’était encore à cette époque que le prince de Broglie, y écrivait également. Mais, d’une façon générale, les articles du Correspondant portaient peu, ce recueil ne paraissant, comme la Revue des Deux Mondes, que deux fois par mois. Dans la presse quotidienne, les catholiques n’avaient qu’un organe, l’Univers, dirigé par Louis Veuillot.

Louis Veuillot a été très diversement jugé. « Avez-vous lu ce hideux article de Veuillot ? » écrivait un jour Montalembert à