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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 17.djvu/938

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LE TREMBLEMENT DE TERRE DU JAPON


De temps en temps la terre nourricière, qui est aussi la terre homicide, agitée par une sorte de frénésie, se met à trembler comme si celle rapide marche à la tombe, qu’est la vie, avait encore besoin d’être accélérée. Alors le sol détruit en quelques instants et engloutit ces chétives créatures humaines qui, un peu plus tard, étaient destinées, quoi qu’il advînt, à se dissoudre dans son humus funèbre.

La catastrophe sismique qui vient de désoler le Japon et qui a ému de pitié toute l’humanité est une des plus graves qu’on ait jamais enregistrées. Si les premières dépêches des journaux avaient exagéré le nombre de vies détruites, des renseignements plus précis n’en révèlent pas moins l’étendue du désastre. Le nombre exact des victimes n’est pas encore connu et sans doute ne le sera jamais. Mais on peut évaluer qu’environ 110 000 personnes ont été tuées à Tokyo, 30 000 à Yokohama, 10 000 à Kamakura, 10 000 dans la péninsule de Miura, près de 1 000 à Odowara et Atami, et 5 000 dans la péninsule de Boso, ce qui fait un total d’environ 166 000, sans doute dépassé en réalité. A Yokohama, environ 70 000 maisons ont été détruites et une centaine seulement sont restées intactes. A Yokosuka, sur 12 000 maisons environ, 150 seulement échappèrent à la destruction. A Tokyo, environ 93 pour 100 des habitations ont été renversées ou partiellement détruites. Chose curieuse, beaucoup des immeubles à étages nombreux de Tokyo montrent des fissures à la hauteur de leur troisième étage et sont beaucoup moins lésés aux étages supérieurs et inférieurs. Il y a évidemment là un phénomène