Page:Revue des Romans (1839).djvu/209

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point les hommes par le petit nombre d’être privilégiés ; vois plutôt leur faiblesse, et garde-toi de leur offrir les moyens de te tromper. » Le jeune Henri, second fils du duc de Morelande, éloigné de la maison paternelle, a été recueilli par un oncle, que sa famille croyait mort depuis longtemps, et que la singularité de sa conduite avait fait surnommer l’homme silencieux. À l’école de ce vieillard, mûri par l’infortune, l’éducation de Henri avait eu pour base d’austères principes de vertu ; mais malheureusement son âme, ornée de mille qualités, manquait de cette prudence qui les rend parfaites en dirigeant leur activités ; il s’obstinait à ne juger les hommes que d’après la droiture et la noblesse de ses propres sentiments. Une prévention si honorable, mais si dangereuse, le livre sans défense aux intrigues d’un misérable, qui, pour prix de la plus généreuse amitié, lui ravit la fortune et le nom de ses pères. Une lutte s’engage entre le bienfaiteur dépouillé et l’ingrat qui a osé se parer des ses dépouilles. Tous deux comparaissent devant la chambre des pairs, constituée en haute cour de justice pour juger l’accusation de substitution d’état, et l’auteur termine son ouvrage par une idée digne des plus grands maîtres : un ministre tout-puissant se repent, s’accuse d’avoir commis un acte arbitraire, et répare sa faute en faisant triompher l’innocence. — Des tableaux variés comme les diverses natures dont ils offrent l’image ; des différences de caractères, de mœurs et d’usages, entre deux peuples, marqués avec une précision toute pittoresque ; l’épisode d’Inez, si adroitement rattaché au sujet, et qui amène avec tant de vraisemblance le récit de l’épouvantable catastrophe du tremblement de terre de Lisbonne ; enfin, des scènes vivantes d’énergie et de pathétique, et semées de traits profonds puisés dans l’expérience du cœur humain, tout cela marche à la fois et se confond avec art dans un seul ensemble, qu’un intérêt toujours égal soutient et vivifie.

Nous connaissons encore de Mlle Dudrézène : Les Armoricaines, in-8, 1832.

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DUFRÉNOY (A. G. Billet),
née à Paris en 1765, morte le 7 mars 1825.


LA FEMME AUTEUR, ou les Inconvénients de la célébrité, 2 vol. in-12, 1812. — Plusieurs circonstances de la vie de Mme Dufrénoy portent à croire que ce roman se compose, en grande partie, sinon des événements qui lui sont arrivés à elle-même, au moins des sentiments qu’elle a éprouvés, et de ceux dont elle a été l’objet. — Anaïs n’était encore qu’une enfant, lorsqu’un jour on agita devant elle cette question : « Des différents genres de gloire, quel