Page:Revue des Romans (1839).djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
ARLINCOURT.

décident en un moment du destin d’un jeune homme passionné ; il s’informe quelle est cette femme ; on lui répond que c’est l’Étrangère, femme proscrite et en horreur au ciel et à la terre. Le jeune Ravenstel arrive chez le sire de Montolin, qui avait le projet de le marier avec sa fille Isolette. Arthur, qui n’éprouve pour cette jeune beauté que la plus froide indifférence, fait de longues promenades aux environs du château ; il dirige ses pas vers une petite maison blanche isolée, habitée par l’Étrangère, s’introduit auprès d’elle et lui découvre sa passion ; mais celle-ci lui apprend qu’elle est proscrite, maudite, et ne lui laisse aucun espoir. Un soir qu’il se dirigeait vers la petite maison blanche, il découvre que l’Étrangère n’est pas seule, qu’elle est en tête à tête avec le baron de Valdebourg. Arthur, plein de rage, se tapis près de la porte, voit sortir le baron, court sur ses traces, lui crie de s’arrêter et de se mettre en défense ; Valdebourg veut le calmer et peut-être lui dire son secret ; mais le furieux Arthur n’entend rien, le baron est forcé de tirer son épée, et Arthur le perce d’un coup mortel. Cependant les cris des combattants ont fait accourir l’Étrangère ; elle apprend le sort de Valdebourg et s’écrie : « Mon frère ! » Le bruit de ce meurtre se répand avec rapidité. Le prieur fait citer l’Étrangère à son tribunal ; elle est déclarée innocente, mais elle a refusé de nommer le meurtrier et est accusée d’être son complice ; quatre fois elle est sur le point d’être condamnée, mais quatre fois des incidents invraisemblables font ajourner le prononcé du jugement. Dans une entrevue qu’Arthur obtient ensuite de l’Étrangère, elle lui ordonne d’épouser Isolette ; il y consent, mais à condition qu’elle se trouvera dans l’église au moment de la cérémonie. L’Étrangère y vient couverte de son voile ; Arthur s’avance vers l’autel ; aussitôt qu’il a prononcé le oui fatal, l’Étrangère se retire, Arthur la suit, la foule accourt sur leurs traces, le voile de l’Étrangère tombe, et l’un des témoins s’écrie : « Juste ciel ! la **** en ces lieux ! » Nous ne dirons pas le mot de l’énigme, que le lecteur se donnera la peine de chercher dans le roman. Nous dirons seulement fort succinctement qu’Arthur expire de chagrin, qu’Isolette se fait religieuse, et qu’une mort tragique met fin à l’existence de l’Étrangère.

Les invraisemblances dont cette fable abonde sont si choquantes, qu’on ne devrait plus s’attendre à éprouver de l’intérêt à la lecture de ce roman. Une femme qui doit toujours être voilée, même dans l’intérieur du fort qu’elle habite ; une autre femme également voilée, inspirant de la haine et du mépris à tout le monde, et qui se promène par monts et par vaux ; le frère de celle-ci qui va fixer sa demeure près du même lieu, sans savoir que l’Étrangère est sa sœur ; un procès étrange interrompu par quatre oppositions