Page:Revue des Romans (1839).djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


quelques égards. Le premier n’a pas craint de traiter ex professo les questions les plus graves, les plus ardues de la morale spéculative, de la métaphysique et même de la théologie, tandis que l’Ermite effleure tout au plus en passant quelques points de la morale usuelle, et se garde bien d’aborder les matières abstraites, réservées aux philosophes et aux écrivains religieux.

CÉCILE, ou les Passions, 5 vol. in-12, 1827. — Le tableau que M. de Jouy, après tant d’autres, a tracé de l’amour, n’est pas sans art et sans élégance ; mais il manque de profondeur et d’originalité : il a le caractère de la réminiscence plutôt que d’une création, et paraît calqué sur la Nouvelle Héloïse. On remarque, en effet, entre les deux ouvrages, le rapport exact d’une imitation et de son original ; ce sont deux amies, l’une sérieuse et l’autre gaie ; un père impérieux, une mère confiante et faible, un oncle que le rôle de précepteur mène à celui d’amant de sa nièce ; un ami dévoué qui prêche en vain la sagesse ; un premier baiser de l’amour, et la scène même du cabinet de Julie, à cela près seulement que la Julie du nouveau roman est présente aux transports de son amant ; la fatale péripétie dont les suites amènent, parmi les personnages que nous connaissons déjà, une petite fille fort intéressante ; le désespoir qui suit la perte de l’innocence, les soins de l’amitié et de la tendresse maternelle ; l’exil du séducteur, qui cherche en vain des consolations dans la philosophie, et qui, après une sorte de controverse où il soutient, contre les réfutations de son ami et de sa maîtresse, que la Providence est le nom de baptême donné au hasard, finit par devenir fou. Le dénoûment est plus heureux que celui de la Nouvelle Héloïse. Anatole de Césane recouvre la raison ; Cécile, qu’on avait enfermée dans un couvent, recouvre la liberté ; ils fuient ensemble en Amérique, d’où les événements de la révolution leur permettent bientôt de revenir.

Nous connaissons encore de M. De Jouy : La Galerie des Femmes (contenant huit nouvelles), 2 vol. in-12, 1799. — Le franc Parleur, 2 vol. in-12, 1814. — L’Ermite de la Guiane, 3 vol. in-12 ou in-8, 1816. — L’Ermite en province, 14 vol. in-12, 1818 et ann. suiv. — Les Ermites en prison (voy. Jay). — Les Ermites en liberté (voy. Jay). — Le Centenaire, 2 vol. in-8, 1833.

Séparateur

JUNOT (Mme), duchesse d’Abrantès,
née le 6 novembre 1784, morte le 25 juin 1838.


L’AMIRANTE DE CASTILLE, 2 vol. in-8, 1832. — L’exposition de ce roman est claire et nette ; on est vite au courant de la faiblesse de don Carlos, du pouvoir de sa femme, de l’amour partagé du comte Malgar, amirante de Castille, pour la reine, de l’ambition