Page:Revue des Romans (1839).djvu/426

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Dans la Servante, les détails un peu trop libres sont compensés par une assez bonne étude du caractère de Rabelais. Les huit contes qui, avec la Pipée et la Servante, complètent la galerie du bibliophile, sont de petits tableaux d’un dessin correct et vrai, où le vieux temps est reproduit avec assez de grâce et de fidélité.

UNE FEMME MALHEUREUSE, 2 vol. in-8, 1836. — L’auteur a voulu donner dans ce roman une histoire complète de la femme, considérée dans les quatre conditions de la vie : fille, femme, amante, mère. Cécile Rolland a été placée dans un pensionnat, dont la maîtresse loge son fils unique, Albert, jeune homme de vingt-trois ans, profond mathématicien, qui fait tourner la tête à toutes les jeunes filles. Cécile en devient amoureuse, mais Albert, toujours plongé dans les espaces problématiques, ne remarque pas les attentions charmantes dont il est l’objet. Cécile prend l’initiative et lui déclare sa passion, à laquelle Albert répond par la plus froide indifférence. Cécile quitte sa pension ; son père veut la marier à un intrigant italien ; mais elle le refuse, et son père finit par la laisser maîtresse de ses volontés. Afin de présenter Albert à ses parents, Cécile donne un bal à ses amies de pension, et réitère ses attaques sur le cœur d’Albert. Celui-ci, qui voyait dans Cécile un excellent parti, mais qui pensait que ce serait une femme bien dangereuse, n’était nullement pressé de s’expliquer. Ces lenteurs ne convenaient point à Cécile ; le lendemain du bal, à la pointe du jour, elle se rend chez Albert, se jette dans ses bras, et se livre à tous les excès d’une passion délirante. Albert résiste. Cécile sort le cœur navré, et veut mettre fin à sa malheureuse existence en se précipitant dans le canal Saint-Martin. Elle est heureusement sauvée par un jeune et brave jeune homme, qui lui prodigue ensuite les soins les plus empressés, et que Cécile épouse par reconnaissance. Cécile mariée est jalouse à l’excès de son mari ; un jour elle le rencontre donnant le bras à une dame qu’elle prend pour une rivale, et elle jette de l’eau-forte au visage de cette dame, qui n’est autre que sa mère… Ainsi finit le roman de M. Lacroix ; mais ce n’est que la première partie de l’œuvre ; l’auteur se propose, dans un prochain ouvrage, de nous montrer la femme malheureuse amante et mère. — Ce roman, où l’on trouve quelques belles pages, a le tort impardonnable d’être tout à fait invraisemblable. L’auteur le donne comme une étude de femme, et où donc, bon Dieu, a-t-il étudié de pareilles femmes ? Ce ne peut être que dans un temps bien étrange et dans un monde bien singulier, dont ce que nous connaissons ne nous donne aucune idée.

Nous connaissons encore de M. P. Lacroix : *Mémoires du cardinal Dubois, 4 vol. in-8, 1829. — *Mémoires de Gabrielle d’Estrées, 4 vol. in-8, 1829. — Le Couvent de