Page:Revue des Romans (1839).djvu/435

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et inhumain ; à son ami d’autrefois, Hochsfeld, ne connaissant d’autres principes de conduite que son intérêt, et parvenu au faîte des grandeurs et de l’opulence ; tous trois cependant malheureux sans retour, le père par la perte de ses illusions, Charles et Hochsfeld par la voix déchirante du repentir et des remords.

LE VILLAGE DE LOBENSTEIN, ou le Nouvel enfant trouvé, trad. par Mme de Montolieu, 5 vol. in-12, 1802. — Lindner, garçon de quarante-cinq ans, qui s’était soustrait aux soucis du mariage pour se livrer à l’étude des anciens auteurs, son unique passion, habite avec sa sœur Sabine le village de Lobenstein, où ils n’ont pour société que M. Senk, leur voison, espèce de misanthrope, qui a pour les femmes une antipathie prononcée. Cependant la douceur et la bonté de Sabine l’ont presque réconcilié avec son sexe ; mais la honte de se rétracter l’a empêché, pendant dix années, de lui avouer l’amour qu’elle a su lui inspirer. Telle est la situation des trois personnages au moment où l’histoire commence. Un jour qu’ils causaient ensemble, un inconnu frappe à la fenêtre, la fait ouvrir, et remet une assez grande boîte à Lindner, qui l’ouvre et y trouve un enfant nouveau-né ; on cherche celui qui l’a apporté, mais il a disparu. Le bon cœur de Lindner le détermine à adopter l’enfant, auquel il donne le nom de Théodore. Senk et Sabine se marient ; ils ont un fils nommé Auguste, les deux enfants sont élevés ensemble ; les scènes qui peignent leur éducation et leur naissante amitié occupent tout le premier volume, et font le principal charme du roman. La baronne de Rorbane prend en amitié l’orphelin et offre de se charger de son sort ; mais Lindner, Sabine et Senk décident que Théodore restera avec eux et partagera leur héritage avec Auguste. Théodore en grandissant éprouve de tendres sentiments pour Héloïse, fille de la baronne, qui ne veut pas pour gendre d’un garçon dont l’origine est inconnue ; cependant Théodore retrouve son grand-père dans l’oncle de la baronne, qui consent alors à l’union des deux amants. — On ferait deux volumes fort intéressants des cinq dont se compose ce roman.

NOUVEAUX TABLEAUX DE FAMILLE, ou la Vie d’un pauvre ministre de village et de ses enfants, traduit de l’allemand par Mme  de Montolieu, 5 vol. in-12, 1804. — Nous n’entreprendrons pas de faire l’analyse des cinq volumes dont se compose cet ouvrage qui jouit en Allemagne d’une célébrité justement méritée, et dont la plupart des chapitres offrent une lecture vraiment délicieuse. Celui qui est intitulé la Fenêtre et le Signal est admirable de naturel et de sentiment ; c’est un mari de soixante ans qui se retrace l’amour qu’il eut jadis pour sa femme, en contemplant dans le lointain la