Page:Revue des Romans (1839).djvu/524

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rencontre, mais à peine avait-il eu le temps de prendre sa main, qu’elle poussa un cri de surprise et s’évanouit à ses pieds… Feramorz était devant elle ! Le roi de Bucharie n’était autre que Feramorz lui-même, qui, sous un humble déguisement, avait accompagné sa jeune épouse depuis Delhi, et qui, après avoir conquis son amour sous la simple apparence d’un poëte attaché à sa suite, méritait d’en jouir comme roi.

LES AMOURS DES ANGES, poëme en trois chants, traduit par Davesiès de Pontès, in-12, 1823. — L’auteur suppose que trois anges déchus, pour avoir idolâtré des beautés mortelles, pleurent leur faute, et se lamentent sur la perte des joies célestes que le Créateur avait attachées à leur immortalité. Ils se racontent leurs amours. Mais quelle suavité de pinceau ! Quelle riche variété dans les tableaux qui se succèdent ! Comme ces anges ont aimé, et quelle différence dans le récit de leurs amours, et dans le caractère des beautés dont ils sont épris ! L’une a été vraiment séduite par son céleste amant ; l’autre, dans l’orgueil de son amour ne connaît point de bornes à l’insatiabilité de ses désirs curieux, elle aspire à lever tous les voiles qui cachent à nos yeux les secrets de la création ; la parure fait ses délices, la science son bonheur ; elle veut contempler de près jusqu’aux rayons du feu divin qui jaillissent des ailes de l’ange, et soudain elle est embrasée dans ses bras. Quant au troisième ange, il ne raconte point lui-même ses malheurs : l’innocence, la vertu d’une jeune fille l’ont séduit, non moins que l’éclat de ses charmes, il l’aime surtout parce qu’elle aime Dieu, vers qui elle élève sans cesse ses prières ; aussi leur châtiment est-il borné à la durée du temps qui pousse la race humaine vers le terme de son existence, mais ils doivent revivre glorieux pendant l’éternité. Tel est le triomphe de l’amour chaste et légitime sur les convulsions des désirs et l’intempérance des passions.

MÉMOIRES SUR LA VIE PRIVÉE, POLITIQUE ET LITTÉRAIRE DE RICHARD BRINDLEY SCHÉRIDAN, traduit par J. T. Parisot, 2 vol. in-8, 1826. — Ce livre n’est pas un roman, mais bien une histoire des plus romanesques. La vie de Schéridan présente en effet des rapports si piquants et si curieux, par d’inexplicables bizarreries de caractères et de destinées, qu’on la lit avec autant de plaisir que le roman le plus curieux. — Enfant, il désole son père et rebute ses maîtres par une apparence de stupidité. On ne put jamais lui apprendre l’orthographe, que du reste il ne sut jamais bien ; enfin, tous le déclarent une indéchiffrable bête. À vingt-six ans, il avait fait l’École du scandale ; on le présente à Fox, et l’aimable, le spirituel Fox, déclare qu’il n’entendit jamais rien de plus étonnant que ce jeune homme. Bon fils, l’honneur de sa famille, il décou-