Page:Revue des Romans (1839).djvu/527

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à côté d’une jeune femme voilée qui lui a servi de guide, et dans laquelle il reconnaît la jeune vierge dont il est devenu passionnément épris dans le temple d’Isis. Alèthe lui apprend qu’elle a déserté le temple des faux dieux, et qu’elle va se réfugier dans le désert sous la protection des saints anachorètes qui y jouissent en paix de la liberté d’adorer le vrai Dieu, sans craindre la persécution dirigée contre les chrétiens. Aliphron propose à la jeune vierge de la conduire au lieu de son pèlerinage ; il détourne sa barque dans un bras de Nil, et l’arrête au pied d’un roc escarpé qui recèle la retraite sauvage des ermites du désert. L’un d’eux, le vénérable Mélanius, s’avance et reçoit la jeune néophyte ; ne doutant pas qu’Aliphron ne fût chrétien, il lui assigne pour demeure une des cellules taillées dans le roc, et séparée de celle d’Alèthe par un bras du fleuve. Abandonnée dans cette grotte à la plus affreuse solitude, le jeune philosophe païen eut le temps de méditer les livres sacrés que lui avait laissés Mélanius, qui, ayant découvert sa passion pour Alèthe, lui déclare qu’il n’attend que le moment où il le trouvera digne de revêtir la robe de chrétien pour l’unir à sa bien-aimée. De ce moment, l’image d’une félicité inaltérable souriait aux vœux d’Aliphron et d’Alèthe, sur la tête desquels cependant la foudre était suspendue. La persécution venait de se rallumer avec une nouvelle fureur dans tout l’empire romain ; Mélanius et ses deux néophytes sont découverts ; on les conduit dans les murs d’Antinoë ; on les traîne aux pieds des statues d’Osiris et d’Apollon. Sommés de brûler un coupable encens sur l’autel des idoles, ils s’y refusent avec dédain, et leur mort est aussitôt prononcée. L’extrême jeunesse d’Alèthe, sa rare beauté attendrissent la multitude : le cri de grâce sort de toutes les bouches ; l’hiérophante est forcé de suspendre le supplice ; mais sa cruauté lui suggère l’idée perfide de le rendre plus long et plus douloureux ; il fait ceindre le front de la jeune fille d’un bandeau qui fait circuler dans ses veines un poison dévorant ; la jeune fille expire avec calme quoiqu’en proie aux souffrances les plus atroces. — On citerait difficilement un ouvrage qui réunit dans un aussi petit nombre de pages un intérêt aussi soutenu et un charme aussi puissant. La source en est placée dans le caractère des personnages, la pureté de leur caractère et la singularité de leur position.

Nous connaissons encore de cet auteur : Insurrections irlandaises, in-8, 1829. — Mémoires de lord Byron, 4 vol. in-8, 1830. — Voyage d’un Gentilhomme irlandais à la recherche d’une religion, in-8, 1833.

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