Page:Revue des Romans (1839).djvu/532

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l’oppression. Horatio parvient à se faire aimer tendrement du vieux chiftain, de sa fille et de son chapelain ; et lui-même il leur rend avec usure les sentiments qu’il a su leur inspirer. On se doute bien que tous ces sentiments ne son pas absolument de la même nature. Glorvina, qui ne connaît pas encore l’amour, et Horatio, qui, pour l’avoir trop connu, se croit désormais incapable de le ressentir, sont pris l’un et l’autre à ce doux piége, et ne s’en aperçoivent que quand il leur est impossible de se dégager. La jalousie ne leur épargne point ses tourments. Le hasard apprend à Horatio que Glorvina est en commerce de lettres avec un homme dont personne ne connaît le nom ni le rang, qui a trouvé jadis un asile à Inismore, et qui a reconnu cette généreuse hospitalité par des bienfaits. Cependant le prince, dont les affaires sont depuis longtemps en mauvais était, en est réduit à ne pouvoir plus garder chez lui Horatio, qui est forcé de retourner au château de son père, où il apprend que celui-ci doit arriver incessamment avec un M. D… et sa fille, qu’il veut lui faire épouser. Il va au-devant d’eux à Dublin. Après quelque séjour dans cette ville, lord M… part seul pour son château, sous le prétexte d’y faire des préparatifs pour la réception de ses hôtes. Ceux-ci imaginent de l’y aller surprendre avant le terme fixé ; mais ils ne l’y trouvent point. Horatio se met sur ses traces et arrive à Inismore. Les ruines du palais sont désertes ; le prince a été enlevé, conduit à la ville prochaine et emprisonné pour dettes ; Glorvina l’a suivi et a obtenu d’être enfermée avec lui. Horatio vole à leur secours ; mais on l’a prévenu : le généreux inconnu les a délivrés et reconduits à Inismore. Horatio en reprend lui-même le chemin, il y arrive au moment où Glorvina se rend à la chapelle pour donner sa main au libérateur de son père. Le P. John ouvre la bouche pour consacrer leur union, lorsque Horation s’écrie : « Arrêtez ! arrêtez ! Elle est à moi ! » L’inconnu se retourne, et sur-le-champ reconnaît son fils, auquel il cède généreusement sa place. C’est véritablement une histoire pleine de charme que celle des amours d’Horatio et de Glorvina.

SAINT-CLAIR, ou l’Héritière de Desmond, trad. par M. H. Villemain, 2 vol. in-12, 1813. — Saint-Clair est un prodige de sensibilité, un phénix de mélancolie, un frondeur mécontent de tout, calomniant les riches et les grands, parce qu’il est pauvre et obscur ; chargé de surveiller les enfants de lord L…, son esprit sublime ne peut s’abaisser à porter le joug léger qui lui est imposé. Au lieu de s’occuper de ses élèves, il se fait admettre chez la jeune Olivia, fiancée au frère de son bienfaiteur, en devient amoureux et s’en fait aimer. Un rendez-vous demandé et obtenu la veille du mariage d’Olivia amène une catastrophe qui coûte la