Page:Revue des Romans (1839).djvu/546

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guérit, et, dans son amer désespoir, se réfugie dans l’aride et dangereuse philosophie dont un ami, qui a beaucoup vécu, lui enseigne les préceptes consolateurs. Alors Octave devient débauché ; il boit à la coupe d’or où le vice a distillé son miel, il foule aux pieds son âme, il oublie toutes ses naïves croyances. Après avoir dégradé sa bonne et forte nature dans les plus honteux excès, Octave rencontre une femme telle qu’il l’avait rêvée autrefois dans son âme ingénue. Cette femme partage l’amour d’Octave et se donne à lui ; mais il n’est plus temps : Octave ne trouve dans cette passion partagée qu’un continuel supplice ; la jalousie, les scepticismes, les mécomptes, les accès d’une fureur farouche et brutale viennent à chaque instant troubler le rayon de bonheur qui éclaire sa vie. Si bien qu’après des épreuves soutenues avec une admirable constance et une angélique résignation, le cœur qui lui était dévoué se détache de lui, et va s’unir à une autre âme plus franche et plus reconnaissante. Tel est le portrait de fantaisie que M. Alfred de Musset nous présente comme étant celui d’un enfant du siècle qui écrit ses confessions.

Nous connaissons encore de cet auteur : Un Spectacle dans un fauteuil, 3 vol. in-8, 1834 : le premier volume contient deux pièces dramatiques et un conte, en vers ; le second et le troisième sont des scènes en prose.

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NANCY (A. P.).


*ALPHONSE DE COUCY, ou Quelques scènes de la campagne de Russie, 2 vol. in-12, 1819. — Alphonse de Coucy est un jeune militaire que sa femme a suivi dans la campagne de Russie. Après la bataille de Mojaïk, Coucy et sa femme passent quelque temps à Moscou, qui n’offrait déjà plus qu’un immense monceau de cendres ou de ruines. À l’occasion du séjour des deux époux dans cette ville, l’auteur trouve moyen d’amener sur la scène plusieurs personnages, dont les aventures amoureuses ou plaisantes reposent un peu l’imagination attristée par des scènes guerrières ou désastreuses. Mais bientôt le signal de la retraite est donné, et l’on n’a plus sous les yeux que des tableaux désolants. Coucy et sa femme se trouvent réduits aux plus cruelles extrémités ; plus de provisions, plus d’asile pour la nuit, plus de fourrage, des routes impraticables. Pour comble de malheur, l’infortuné guerrier est blessé, et sa femme, après avoir été d’abord en voiture, puis à cheval, puis à pied à côté du cheval qui portait le bagage, en vint à se charger elle-même du peu d’effets qui restaient, et à conduire par la bride le cheval que montait son mari. Au delà de Smolensk, la situation devient tellement déchirante que, si les plus beaux traits d’humanité et de générosité ne se mêlaient à