quiet, tourmenté, avec sa fougue indomptable, avec sa joie effrénée, avec ses larmes de feu ; dans Amélie, c’est le jeune homme encore, le jeune homme aimant avec toute ce qui lui reste d’amour, mais abattu, mais découragé, mais n’osant plus croire à l’avenir, désespérant du bonheur. Après Séraphine, Clémentine et Amélie, après les plus purs et les plus saints ravissements de l’amour, après ses transes les plus poignantes et les plus cruelles, Lucrèce et Jeannette offrent soudain l’oubli du cœur et les grossières consolations des sens. La vie est ainsi, dira-t-on ; oh ! oui, peut-être ; mais il ne faut pas avouer hautement combien nous sommes ingrats envers ceux qui nous ont aimés, et oublieux de nos plus chers souvenirs. En lisant cette dernière nouvelle, on regrette que l’auteur se soit hâté de sécher lui-même les pleurs qu’il nous avait arrachés.
MADEMOISELLE DE MARSAN, in-8, 1832. — Ce roman fait en quelque sorte suite aux Souvenirs de jeunesse du même auteur ; mais c’est un livre beaucoup moins intime et beaucoup moins vrai. Ce n’est pas cependant qu’il ne contienne de bien remarquables morceaux, entre autres l’épisode de la Torre Maldetta, dans lequel le supplice d’Ugolin et de ses enfants se trouve peint avec une si effroyable vérité par l’écrivain qui en a subi lui-même toutes les angoisses, toutes celles du moins qu’il ne pouvait supporter sans mourir. Mais, en somme, Mlle de Marsan n’est guère qu’un roman de l’école d’Anne Radcliffe, un roman criblé de trappes et de souterrains, écrit seulement d’un style auquel on ne nous avait pas habitués dans ces sortes d’ouvrages.
Maxime Odin, cet homme à passions inépuisables, auquel un amour pousse au cœur à mesure qu’il y en a un brisé, trahi, ou effacé, se prend d’adoration pour une femme brune, grande, belle, silencieuse et sévère,Mlle de Marsan. Maxime est malheureusement repoussé, et Mlle de Marsan lui préfère Mario Cinci qu’elle a épousé en secret, et avec lequel la noble Française s’enfuit, emportant la malédiction de son père. Mario se noie dans un torrent, et ses complices sont fusillés.
RÊVERIES LITTÉRAIRES, MORALES ET FANTASTIQUES, in-8, 1832. — Les rêveries sont en général d’ingénieux et spirituels paradoxes, développés avec une apparence de candeur et de conviction qui séduisent et entraînent irrésistiblement ; on se laisse aller soi-même aux caprices et aux fantaisies d’imagination de l’écrivain, et l’on se surprend ensuite bien étonné de tout le chemin qu’il vous a fait taire dans le chemin des rêves et des utopies. Impatienté que l’on est d’avoir été mené si loin, on se reproche parfois alors la docilité naïve avec laquelle on a suivi le mystificateur, et l’on va jusqu’à malicieusement admirer combien, dans