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OPIE (mistriss),
fille du célèbre médecin Anderson, romancière anglaise du XIXe siècle.


EMMA ET SAINT-AUBIN, ou Caractères et scènes de la vie privée, 3 vol. in-12, 1813. — La mère d’Emma, trompée par un libertin qui l’abandonne en essayant de lui faire croire que son mariage est nul, meurt dans l’indigence. Après la mort de sa mère, Emma, alors âgée de dix ans, est conduite chez son aïeule, où elle est l’objet des plus tendres soins. À l’âge de seize ans, Emma était un chef-d’œuvre de grâces et de beauté ; aimée et chérie de tous ceux qui l’approchaient, elle aurait été heureuse si l’amour n’eût troublé sa tranquillité. À peu de distance du château de son aïeule, habitait un M. Hargrave, espèce de tyran domestique, qui faisait acheter chèrement à sa sœur et à son neveu l’asile qu’il leur accordait. Ce neveu, nommé Saint-Aubin, est amoureux d’Emma, dont il est aimé ; mais il craint de se déclarer, car sa situation dépendante ne lui permet pas d’aspirer à sa main, et il a d’ailleurs promis à son oncle de ne pas épouser Emma. Il s’éloigne même sans oser l’entretenir de ses sentiments. Pour dissiper la mélancolie que cet éloignement cause à sa petite-fille, l’aïeule d’Emma la fait voyager, et l’auteur saisit cette occasion pour peindre une petite ville d’Angleterre, et passer en revue un grand nombre d’originaux. On quitte l’Angleterre pour venir en France, ce qui donne occasion de faire connaissance avec de nouveaux personnages. Emma retrouve Saint-Aubin, poursuivi par une coquette qui veut l’enchaîner à son char ; mais il a gardé à sa chère Emma une fidélité scrupuleuse, et cependant il ne peut se décider à lui découvrir son amour. Piquée de l’indifférence de Saint-Aubin, Emma consent à épouser un jeune lord dont elle a fait la connaissance à Paris. Toute la famille retourne à Londres ; on est prêt pour la cérémonie, lorsque Saint-Aubin découvre que le prétendu d’Emma est son frère : le séducteur de sa mère a contracté un second mariage dans l’Inde, et son changement de nom est cause de la méprise. Enfin, Saint-Aubin, devenu libre par la mort de son oncle, dont il est l’unique héritier, épouse sa maîtresse, et pour qu’ils ne soient pas heureux à demi, les richesses leur arrivent de tous côtés. — Ce roman est un des meilleurs de ceux qu’a publiés mistr. Opie, et quoique l’intrigue en soit un peu compliquée, on le lit cependant avec plaisir.

CATHERINE SHIRLEY, ou la Veille de la Saint-Valentin, traduit par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1816. — Ce roman commence d’une manière vive et dramatique. Au moment où tout annonçait une bataille décisive entre les flottes française et anglaise, le vieux général Shirley dînait chez un ami à quelques milles de Londres.