Page:Revue des Romans (1839).djvu/577

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raillé et persécuté, heureux, tandis que les railleurs et les persécuteurs ont vécu dans la honte, la misère et l’ennui.

LES GENS COMME IL FAUT ET LES PETITES GENS, ou Aventures d’Auguste Minard, fils d’un adjoint de maire de Paris, 2 vol. in-12, 1826. — « Les honnêtes gens de toutes les classes, voilà la bonne compagnie ; les fripons, même titrés, voilà la canaille. » Telle est la conclusion de ce roman, dont le titre, du reste, indique assez clairement le but. L’auteur arrive à cette conclusion après avoir fait traverser à son héros, Auguste Minard, les hautes classes de la société et les classes inférieures, où il trouve les mêmes vices, sous des dehors différents, pour le fixer ensuite dans les classes intermédiaires, où il rencontre enfin le bonheur, ami des mœurs, de l’ordre et de l’industrie. — Dans ce roman, l’auteur s’adresse plus à l’esprit et à la malignité du lecteur qu’à sa raison et à son cœur ; il le fait sourire quelquefois ; mais rarement il parvient à l’intéresser, même pour son héros, parce qu’il semble avoir pris à tâche de peindre plutôt des ridicules et des vices que des sentiments et des passions. Une seule fois il change de pinceaux, c’est lorsqu’au dénoûment il ramène Auguste Minard aux pieds de cette Marie qu’il avait d’abord dédaignée, et sans laquelle il reconnaît qu’il ne peut vivre heureux ; mais le contraste n’est pas assez ménagé, la situation n’est pas amenée, et paraît même beaucoup trop romanesque, à côté de la grande simplicité des moyens que l’auteur a employés jusque-là.

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PICHLER
(Mme  Caroline de), né Greinier, romancière allemande du XIXe siècle.


AGATHOCLÈS, ou Lettres écrites de Rome au commencement du IVe siècle, traduite librement de l’allemand par Mme  de Montolieu, 4 vol. in-12, 1812. — C’est une époque bien digne de considération que celle où le vieux polythéisme, croulant de toute part, disputait encore l’empire du monde au christianisme prêt à s’établir sur ses ruines. Deux écrivains, dans ces derniers temps, ont imaginé de retracer cette époque : M. de Châteaubriand dans les Martyrs, et Mme  de Pichler dans Agathoclès. Les deux ouvrages diffèrent absolument par le genre : l’un est une épopée en prose à la manière de Télémaque ; l’autre est un simple roman en forme épistolaire. Mais outre les rapports accessoires que l’identité d’objets a dû produire naturellement entre les deux compositions, il existe entre la fable de l’un et la fable de l’autre des ressemblances capitales. Dans les Martyrs, une païenne se convertit à la foi chrétienne qui est celle de son amant ; dans Agathoclès, un