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Par le roman, les femmes sont intervenues dans la littérature avec la grâce et la délicatesse qu’elles savent mettre à toute chose ; le choix des sujets, les sentiments, la sensibilité, même le vague de l’expression, ont été pour elles des moyens de succès ; mais dans leurs productions il faut aussi choisir.

Les hommes font du roman un cadre pour tous les tableaux : l’histoire avec ses scènes tragiques, le drame bourgeois avec ses émotions, la comédie avec son langage railleur, la farce avec son gros rire, y trouvent leur place ; la terreur et la pitié, la critique de mœurs, le merveilleux, le positif, les sciences même, dans leurs détails les plus minutieux ou dans leurs résultats les plus sommaires, en un mot, le monde est le domaine du romancier. — Walter Scott a fait revivre le passé sous sa plume, quelques écrivains prévoient l’avenir, beaucoup flattent ou censurent le présent ; mais dans ce chaos de publications de styles si divers, d’intentions si mobiles, tous les ouvrages ne conviennent pas indistinctement à tous les lecteurs : il faut choisir.

Les écrivains sont séparés en deux camps, marchent sous deux bannières : ici on regarde la littérature comme un moyen de distraction, là comme un moyen de direction ; ceux-ci ne se préoccupent d’aucun but ; ceux-là, sous l’influence d’une idée, marchent à une preuve ; les premiers se montrent satisfaits d’amuser, d’intéresser ; les autres prétendent amuser, intéresser et enseigner. On le comprend donc, le choix est important.