Page:Revue des Romans (1839).djvu/629

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quable. On y trouve surtout cette unité d’objets si précieuse dans tous les genres. On y remarque des expressions heureuses et faites pour être retenues par le cœur ; celle-ci par exemple : Les âmes tendres tournent tout contre elle-mêmes. « J’avoue, dit la Harpe, que, de tout ce qu’a fait Mme Riccoboni, le Marquis de Cressy est ce que je préférerais. Elle a peint à merveille dans ce roman ces hommes qui, sans être absolument pervers, se laissent entraîner par leurs passions, et qui, après avoir fait leur malheur et celui des autres, ne s’aperçoivent de leurs fautes que lorsqu’il n’est plus temps de les réparer. »

HISTOIRE DE MISS JENNY REVEL, 2 vol. in-12, 1762. — De tous les ouvrages de Mme Riccoboni, miss Jenny est celui qui lui coûta le plus de temps. Elle se repentit souvent d’avoir donné de si grands développements à ce roman. « L’étendue de mon esprit, dit-elle, se borne à un seul volume. » Malgré quelques défauts et le vice du dénoûment, dont elle convenait, ce livre eut un succès mérité.

HISTOIRE D’ADÉLAÏDE DE DAMMARTIN, COMTESSE DE SANCERRE, ET DE M. LE COMTE DE RANCÉ, SON AMI, ETC., 2 vol. in-12, 1766. — Ce roman a l’avantage d’offrir un tableau fidèle de la meilleure compagnie de Paris, à l’époque où il fut écrit. En lisant les lettres de Mme de Sancerre, on est admis pour ainsi dire dans l’intérieur d’une société choisie, où règnent l’esprit, la grâce et le bon ton. Les caractères sont habilement variés, et forment d’heureux contrastes. Il est impossible de ne pas aimer Mme de Sancerre, si bonne, si douce, si résignée.

LETTRES D’ÉLISABETH-SOPHIE DE VALLIÈRE, ETC., 2 vol. in-12, 1772. — Malgré quelques longueurs, ces Lettres eurent un grand succès, dont elles furent redevables aux agréments du style et à des détails pleins de délicatesse.

LETTRES DE MILORD RIVERS À SIR CHARLES CARDIGNAN, ETC., 2 vol. in-12, 1776. — Ces Lettres sont moins un roman qu’une espèce de cadre dans lequel Mme Riccoboni passe en revue les travers et les ridicules de l’époque. Elle ose y aborder aussi différentes questions de morale et de philosophie, qui sont traitées, pour ainsi dire, en badinant et avec infiniment d’esprit. On arrive, dit la Harpe, au bout du livre sans être bien ému, mais toujours en s’amusant.

HISTOIRE D’ERNESTINE, in-18, 1798. — Quoique ce roman soit la moindre production de l’auteur pour l’étendue, c’est peut-être la première pour l’intérêt et les grâces ; c’est un morceau fini qui suffirait seul à un écrivain. On pourrait appeler Ernestine le diamant de Mme Riccoboni.