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ROUJOUX (le baron de),
ancien préfet, né à Landernau en 1779, mort en 1836.


DON MANUEL, anecdote espagnole, 2 vol. in-12, 1821. — Les aventures du jeune et malheureux Manuel, promené par une destinée toujours contraire dans des climats lointains et dans les situations les plus opposées, qui voit périr tour à tour sous ses yeux, et la douce indienne Enya, et sa tendre et fidèle Almaïde, se rattachent à cette époque de désespoir et d’héroïsme où la nation espagnole, soulevée tout entière, résistait seule au conquérant devant lequel s’humiliaient les peuples et les rois. Le héros du roman est enveloppé dès son enfance d’un voile funéraire : « une pensée délicieuse, une image chérie, l’arrachent quelquefois à ses tourments, mais la nuit éternelle l’environne. » Cet ouvrage est en général écrit d’un style pur, naturel et simple ; sa lecture excite un vif intérêt, et produit sur l’âme une profonde impression de mélancolie, en nous traçant le tableau d’un homme distingué par son caractère, par ses vertus et par ses talents, qui est constamment poursuivi par l’injustice, par le crime et par le malheur.

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ROUSSEAU (Jean-Jacques),
né à Genève le 28 juin 1712, mort le 7 juillet 1778.


JULIE, ou la Nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux habitants d’une petite ville au pied des Alpes, 4 vol. in-12, 1761. — Idem, édit. revue et augmentée, 4 vol. in-12, 1762. Ouvrage réimprimé une multitude de fois depuis cette époque. — Réfugié dans une solitude charmante, où il s’était créé un monde idéal ; livré au souvenir des amours d’une jeunesse occupée à divers intervalles par Mlle  Vulson, Mlle  de Graffenried, Mlle  Galley, Mlle  de Breil, Mlle  de Serre, Mme  Bazile, Mlle  de Larnage, Mme  de Varens, etc., Rousseau forme de tous ces êtres dont il effleure les perfections, les héroïnes d’un immortel ouvrage qu’il est impossible de lire sans enivrement. Voici comment il s’exprime lui-même à l’occasion de la composition de ce roman, dans le IXe livre de ses Confessions. « Je me figurai l’amour, l’amitié, les deux idoles de mon cœur, sous les plus ravissantes images. Je me plus à les orner de tous les charmes du sexe que j’avais toujours adoré. J’imaginai deux amies, plutôt que deux amis, parce que si l’exemple est plus rare, il est aussi plus aimable. Je les douai de deux caractères analogues, mais différents ; de deux figures non pas parfaites, mais de mon goût, qu’animaient la bienveillance et la sensibilité. Je fis l’une et l’autre