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proférer contre le séducteur une parole de colère ou de menace, il l’emmène dans son appartement et lui demande une réparation : « Il ne faut pas, dit-il, que le moindre soupçon tache la réputation de celle à qui j’ai donné mon nom ; il faut que le monde ignore la cause du combat, et même qu’on ignore à jamais qu’il y a eu combat. Demain, une chasse au sanglier aura lieu, les deux combattants se placeront loin des autres chasseurs, dans un sentier où doit passer la bête, et, à un signal donné, celui que le sort aura désigné pour tirer le premier fera feu sur l’autre. » La chasse eut lieu ; le baron tomba sous la balle de Gerfaut. Clémence seule comprit que la blessure de son mari n’était pas un accident, elle seule connaissait la cause qui le ramenait mourant auprès d’elle. Le baron ne lui fit pas de reproches, car le désespoir de la pauvre femme était affreux ; il se contenta de lui dire qu’elle serait maudite si elle se donnait à son séducteur. Lorsque le baron est expiré, Clémence, à laquelle il n’avait pas donné le moindre signe de pardon, rendue insensée par la douleur et ses remords, s’élance dans la rivière par la fenêtre du balcon, et termine son existence. Quant à Gerfaut, il retourna à Paris, où il recueillit les plus brillants succès.

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BERNARDIN DE SAINT-PIERRE. Voy. Saint-Pierre.
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BÉROALDE DE VERVILLE (Fréd.), né à Troyes.


*LE MOYEN DE PARVENIR, œuvre contenant la raison de tout ce qui a été et qui sera en 100,070,032, nouv. édit., 2 vol. in-12, 1732. — Cet ouvrage parut pour la première fois vers 1610 ; il peut être regardé comme une bibliothèque complète de contes joyeux : c’est un tout singulier, composé de pièces détachées assez divertissantes, mais qui n’ont pas quelquefois de rapport entre elles. La bonne édition de Hollande, de 1610, contient 439 pages en beaux caractères. L’édition de 1732 est préférable à toutes celles qui l’ont précédée : elle est augmentée d’une table alphabétique des matières, d’un avertissement et de notes marginales. Le Moyen de parvenir a été réimprimé sous les titres de : Coupe-cul de la Mélancolie, et sous celui de Salmigondis. — L’auteur de cette bizarre production n’a certainement pas écrit sans but, comme sans mesure et sans frein ; une attention médiocre suffit pour reconnaître que Béroalde de Verville se proposa de couvrir d’un égal ridicule les violences et les exagérations des deux partis dans la lutte de la réforme et du catholicisme : il laisse même percer, sur le fond de la question, une indifférence qui paraît avoir été dans son caractère. Mais il réussit à donner le