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Page:Revue des deux mondes - 1937 - tome 40.djvu/778

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SOUVENIRS D’UN HOMME DE LETTRES[1]


I

En quête d’un éditeur. — Le bon Théo

Lorsque, au retour des vacances de 1865, j’eus achevé d’écrire et de faire imprimer le poème de Donaniel, la question de l’éditeur se posa.

Depuis quatre années environ que j’habitais Paris, y faisant mon droit et venant de passer ma licence, je ne connaissais personne dans le monde des lettres qui me pût renseigner. Je m’adressai à la mère Gaux qui avait un étalage de livres sous les galeries de l’Odéon et dont, par privilège d’étudiant, je feuilletais parfois les nouveautés, lui achetant quelques volumes et bavardant avec elle à l’occasion.

— Un poème ! me dit-elle. Il faut aller trouver Lemerre. Vous serez là chez vous, il s’est fait le monopole de la poésie.

Je vivais dans une telle ignorance de tout que l’illustre éditeur, qui ne venait d’ailleurs que de s’établir, m’était inconnu. Je consultai le Bottin et j’allai droit chez Lemerre qui tenait boutique au boulevard des Italiens.

Cet habile homme compulsa les bonnes feuilles que je lui tendais et qui formaient un joli petit in-16 carré sur papier de Hollande, admira à la première page la belle composition romantique de Léopold Flameng, et dit :

  1. [Note RDM]. L’auteur de ces Souvenirs, Léon Barracand, poète et romancier, était né à Romans (Drôme) en 1844 ; il mourut peu de temps après la Grande Guerre, en 1919.