Page:Revue des questions historiques, Tome X, 1871.djvu/577

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des recherches sur le roi René, une pièce intéressante qui fournit l’épilogue de cette histoire romanesque. C’est une rémission accordée par ce prince à la dame des Armoises elle-même, au mois de février 1457 (1456 suivant l’ancien style). Bien que le nom de l’impétrante soit écrit Jehanne de Sermaises, et plus loin Jehanne de Sarmoises, il n’y a pas à hésiter sur l’identité du personnage ; car le texte est une copie ou un enregistrement fait à la même époque par la Chambre des comptes d’Angers, circonstance qui explique suffisamment un déplacement de lettre aussi commun 47. Et d’ailleurs l’acte dit en propres termes que cette femme « s’estoit fait appeller par longtemps Jehanne la Pucelle, en abusant et faisant abuser plusieurs personnes qui autres foiz avoient veu la Pucelle qui fut à lever le siége d’Orléans contre les anxiens annemis de ce royaulme » La teneur nous apprend ou nous donne à entendre les faits suivants.

Aucune poursuite juridique n’eut lieu contre Jeanne : selon toute apparence, le Roi lui avait accordé, en considération de ses aveux sincères, le pardon qu’elle implorait, et s’était contenté de l’éloigner. Mais, l’habitude étant devenue pour elle comme une seconde nature, elle avait continué à faire la guerre, vêtue d’habits d’homme, et à mener la vie errante des soudoyers, quoique ses prétentions et son prestige eussent disparu 48. Elle ne pouvait d’ailleurs retourner ni à Metz, où elle n’aurait plus rencontré qu’une hostilité trop légitime, ni dans le duché de Luxembourg, où sa protectrice ne régnait plus. Aussi revint-elle au pays d’Anjou, théâtre de ses anciens exploits. Devenue veuve de son premier mari 49, elle finit par épouser un Angevin de condition obscure, du nom de Jean Douillet, sans qualité désignée. Toutefois, ni le mariage ni les années ne refroidirent son humeur belliqueuse. Elle trouva