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REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES.

voisinage des plus hauts sommets quelle puisse atteindre. Sur plus d’un point de son domaine, elle s’est emparée de positions élevées, jadis inaccessibles, aujourd’hui solidement occupées et pour toujours, d’où elle découvre, d’où elle éclaire même de vastes étendues dans le domaine limitrophe de la philosophie.

La science ne s’occupe que des phénomènes matériels ; la philosophie se réserve les phénomènes intellectuels et les causes substantielles de tous les phénomènes. Elles peuvent donc souvent se mouvoir l’une et l’autre sans se gêner ; mais elles peuvent aussi se rapprocher jusqu’au contact. Ce rapprochement s’est accompli de nos jours.

Pour porter la lumière dans l’immense chaos qu’elle avait à débrouiller, la science a été forcée de subordonner ses phénomènes entre eux, de reconnaître dans les uns de simples effets dont les autres sont les causes ; et en procédant ainsi elle a peu à peu réduit les phénomènes compliqués à n’être que des résultantes de phénomènes plus simples. De cause en cause, d’explication en explication, elle en est presque arrivée au terme de son analyse aux phénomènes atomiques, qui sont les éléments et les causes de tous les autres, et qui sont eux-mêmes tellement élémentaires qu’il ne semble plus possible de les analyser. Tout se réduit, ou doit se réduire à des translations de points matériels, régies par les lois simples et générales de la dynamique. Tous les phénomènes matériels, ramenés ainsi à leurs derniers éléments, se révèlent à nous comme n’étant que des actions. Il ne reste plus qu’à les rattacher aux agents correspondants, c’est-à-dire à leurs causes substantielles, et l’on arrive ainsi jusqu’au domaine de la philosophie.

Là aussi se dresse la grande question de leur cause première et de la création.

Elle se présente encore ailleurs. L’étude des phénomènes atomiques a révélé certaines lois d’une grande générahté, qui s’étendent à l’univers entier, et qui jettent déjà peut-être quelques lueurs sur le plan et la destinée de cette œuvre