conforme à leur génie les Thibetains disent tout simplement : autres noms par lesquels on peut exprimer telle ou telle chose. Nous Français, nous dirions : dictionnaire des synonimes, ou bien en nous rappelant les années de notre enfance au collège : Gradus ad Parnassum. Un Gradus ad Parnassum, qu’il soit grec, latin, sanscrit ou thibetain, n’est pas, je l’avoue, un traité de théologie, pas plus que ne le sont les livres d’histoire et surtout de légendes, mais dans les questions religieuses, le Gradus devient de la théologie ornée, embellie des fleurs de la poésie. Ce n’est pas en ajoutant de nouvelles fleurs exotiques aux guirlandes, et de fausses pierres précieuses européennes à la clef d’or que l’on parviendra à une notion, je ne dirai pas précise mais approximative du bouddhisme ; c’est au contraire en élaguant, en retranchant ces ornements poétiques que la vérité pourra se dégager plus facilement. Je ne retrancherai rien cependant, je veux être généreux envers Bouddha et son Panthéon, les montrant dans leurs plus beaux atours. En grattant la dorure ou la peinture, les esprits de bonne foi trouveront facilement que les types bouddhiques ressemblent beaucoup aux idoles qui les représentent. Bien peu, et les plus petites, sont faites de métal précieux compact.
En vingt ans de séjour continuel au milieu des Thibetains, je n’ai entendu prononcer le nom sanscrit de Bouddha qu’une seule fois, et encore, mon interlocuteur lama le prononçait avec tant d’hésitation que je le soupçonnai de ne pas trop savoir ce qu’il disait. En effet, en ce moment, il voulait seulement parler du Dalaï lama de Lhassa. Les géographes, se copiant tous mutuellement, disent que le nom de Thibet (qu’ils écrivent Bhod-youl) signifie :