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Page:Revue du Pays de Caux n1 janvier 1903.djvu/11

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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

aux carabiniers d’Offenbach quand ils se prennent à imiter le vieux monde. Les expositions Européennes ont lieu aux dates annoncées et nous aurions quelque honte d’avoir été contraints, nous autres Français, de célébrer le Centenaire de 89 en 90 ou l’ouverture du xxe siècle en 1902 ; il n’est pas jusqu’à l’exposition d’Hanoï qui ne se soit piquée d’exactitude ; on lui eût pardonné pourtant de faire attendre. Mais sa toilette fut prête en temps voulu. Les expositions transatlantiques, tout au contraire, manquent régulièrement leurs trains et elles en prennent leur parti avec une étonnante philosophie. Le quatrième centenaire de la découverte de l’Amérique tombait en 1892 ; on le célébra en 1893. Le centenaire de la cession de Louisiane tombe en 1903 ; on le célébrera en 1904. C’est, en effet, pour commémorer ce dernier événement que tous les États du monde se sont vus conviés à envoyer leurs délégués, l’an prochain, sur les rives du Mississipi. Et ceci encore constitue une entorse à la vérité, à la vérité géographique cette fois. Prenez, en effet, la carte des États-Unis — combien souvent, lecteurs, nous faisons appel à vos atlas ou à vos mappemondes ! que voulez-vous, la géographie, c’est le catéchisme de la terre ; ne vous lassez jamais de l’apprendre et de la réapprendre. Donc, prenez la carte des États-Unis et vous y verrez que la Louisiane est bordée à l’ouest par le Texas, au nord par l’Arkansas, à l’est par l’État de Mississipi, au sud par le golfe du Mexique. Le grand fleuve, que les poétiques Indiens dénommaient le « père des eaux », avant de traverser toute la Louisiane longe d’un bout à l’autre l’Arkansas ; préalablement il a fait une apparition dans le Tennessee, et c’est plus haut encore qu’aux environs de Saint-Louis il a mélangé ses eaux à celles du Missouri. Saint-Louis, vous le voyez, est bien loin de la Nouvelle-Orléans et c’est là pourtant qu’on va évoquer le souvenir de 1803. Quand Bonaparte vendit aux États-Unis cette Louisiane fondée jadis par les Français et baptisée du nom de Louis XIV puis conquise par les Espagnols et rétrocédée par eux à la France, il aliénait un territoire dont les limites n’avaient jamais été fixées. Du fait qu’à un moment donné des fortins Français avaient formé une ligne ininterrompue allant depuis Québec jusqu’à la Nouvelle-Orléans, on pouvait conclure que la Louisiane s’étendait du golfe du Mexique au Canada. Les Américains n’y manquèrent point ; et, de fait, rien ni personne ne les empêchait de prendre possession de ce sol demeuré vierge et au travers duquel les tri-