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Page:Revue du Pays de Caux n2 mai 1902.djvu/15

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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

reur slave et cela n’est point pour le rendre populaire en Allemagne. L’Allemagne, enfin, ne peut nouer, de bien bon cœur, des liens d’amitié avec deux puissances qui seront, demain, ses ennemies géographiques. Et, pourtant, la Triple Alliance sera renouvelée !… à y réfléchir, la chose n’est pas si étonnante. La Triple Alliance est un mirage qui dissimule une réalité et cette réalité, c’est l’alliance étroite, sincère et solide, celle-là, de l’Allemagne et de la Hongrie. La Hongrie est très germanophile. Son vieil homme d’État, Koloman Tisza, mort, il y a deux mois, avait bien contribué à la rendre telle, mais il faut reconnaître qu’en ce faisant, il obéissait à des préoccupations très hautes et très naturelles. La Hongrie est la bête noire des Slaves ; elle leur barre la route, elle gouverne et domine beaucoup d’entre eux et si l’union se faisait tout autour d’elle, le péril slave deviendrait, pour elle, des plus sinistres. Contre un tel péril, l’Allemagne, seule, lui fournirait, le cas échéant, un secours effectif. Aussi, quelles que soient leurs sympathies personnelles, les hommes d’État, à Budapest, se sentent invinciblement liés par l’intérêt national aux destins germaniques. Cela étant et comme, en présence de la cacophonie Autrichienne, ils ont voix prépondérante et autorité indiscutable dans les conseils actuels de l’empire, tout leur poids a été jeté dans la balance en faveur du renouvellement de l’alliance qui est à la fois leur sécurité présente et leur espoir à venir. Ce renouvellement, la France n’a point à s’en préoccuper. Cette même alliance qui, jadis, fut dirigée en grande partie contre elle, menacerait aujourd’hui d’autres puissances bien plutôt qu’elle. Il n’en est pas moins du devoir du gouvernement de la République de veiller à ce que, ne fut-ce que par dignité nationale, quelques modifications soient introduites par l’Italie dans le texte du traité ; n’y eût-il que quelques virgules de changées, ces changements indiqueront la situation nouvelle dans laquelle se trouvent désormais les deux grands États Latins, vis-à-vis l’un de l’autre.

Le Voyage du Président Loubet.

L’Alliance Franco-Russe n’ayant plus besoin d’être ni proclamée ni affermie, le voyage du Président de la République Française à Saint-Pétersbourg n’offre point d’intérêt au point de vue politique. Mais tous les bons citoyens accompagnent de leurs vœux le Chef de l’État dans sa visite aux Souverains et au peuple amis.