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REVUE DU PAYS DE CAUX

pendant deux jours, Amsterdam s’est trouvée isolée du reste du pays et la grève générale eût éclaté si les patrons n’avaient pas mis les pouces. Mais où le bon sens Néerlandais apparaît, c’est que la conséquence de ce succès a été diamétralement opposée à ce que les révolutionnaires en espéraient ; à mesurer la gravité du péril, beaucoup de socialistes ont jugé qu’ils faisaient fausse route et poursuivaient l’application d’un remède pire que le mal.

Les Norwégiens, pendant ce temps, ont pris grande joie à leur Jeux du Nord. C’est là une institution nettement Scandinave. Les Jeux du Nord sont célébrés tous les deux ans tantôt à Stockholm, où ils furent inaugurés en 1901, tantôt à Kristiana. Les patineurs, les coureurs sur skis (larges patins de bois qui glissent sur la neige), les joueurs de Hockey sur la glace et tous les amateurs des sports d’hiver si passionnants s’y donnent rendez-vous. Et de folles cavalcades aux flambeaux déroulent leur fantasmagorie dans la nuit cristalline émaillée d’étoiles tremblottantes…

Abdul-Hamid et la note Austro-Russe.

Rien de ridicule vraiment comme la déférence timide avec laquelle, faute d’entente entre elles, les grandes puissances Européennes en sont réduites à aborder S. M. le Sultan pour essayer d’en tirer quelques bribes de réformes. Cette fois, le spectacle en est rendu plus ridicule encore par l’empressement souriant dudit Sultan à accorder un peu plus que ce qu’on lui demande. De la publication du récent « Livre jaune », il ressort que la diplomatie Française n’a pas failli à son devoir, qu’elle a été la première à signaler l’imminence du péril Macédonien et à conseiller une intervention Européenne. Cette intervention s’est produite sous la forme d’une note que les ambassadeurs d’Autriche et de Russie ont remise à la Porte. Les réformes réclamées par cette note sont moindres que celles stipulées, il y a vingt cinq ans, par le Congrès de Berlin et jamais appliquées ; il manque surtout la mesure centrale, indispensable, l’établissement du contrôle international ; l’Europe n’ose pas en parler. Abdul-Hamid, dans ces conditions, peut faire le généreux et rire dans sa barbe ; il sait que rien ne sera changé dans ses domaines, qu’il y aura tout simplement un papier de plus dans le carton où s’empilent, depuis soixante ans, d’inutiles projets et de fallacieuses promesses.