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REVUE DU PAYS DE CAUX

Samo, roi des Tchèques en 693, n’eurent qu’une durée éphémère. Lorsque Charlemagne conduisit contre eux la poussée du christianisme Germanique il réussit à les refouler vers l’Est. Seuls, les Tchèques, qui subirent plus volontiers l’action occidentale et les Polonais qui, convertis, devinrent très rapidement les défenseurs assidus de l’Église, purent fonder des établissements durables ; les autres se virent rejetés sur le territoire Finnois.

À peu près à la même époque, les tribus Slaves du Dniéper, parvenues à un certain degré de civilisation ainsi que l’atteste la fondation des villes de Kiew, Smolensk et Novgorod, mais souffrant du même manque de cohésion et menacées d’ailleurs par des voisins redoutables, appelèrent des chefs Varègues pour les organiser et les gouverner. On avait cru longtemps que l’avènement du Varègue ou Normand (c’est-à-dire, à cette époque, homme du Nord) Rourik appartenait à la légende plutôt qu’à l’histoire. Les découvertes récentes ont apporté quelque lumière sur ce point. Rourik fut bien appelé librement par les Slaves qui allaient devenir les Russes, pour régner sur eux. Mais c’est surtout Oleg, son successeur, qui doit être considéré comme le véritable initiateur de la Russie ; il en forma le noyau par la réunion des trois principautés de Kiew, Smolensk et Novgorod et, dans son audace juvénile, il osa, même en 907, menacer Byzance. L’empereur Jean Tsimiscès eût raison de cette attaque imprévue ; non seulement il repoussa les assaillants, mais il leur imposa la foi chrétienne. Olga, veuve d’Oleg, se convertit la première ; son petit-fils, Wladimir (972-1015) fut en quelque sorte le Clovis de la Russie. Il épousa la princesse Anne, sœur des empereurs Basile ii et Constantin viii ; à partir de lui, la dynastie Varègue peut être considérée comme identifiée à ses sujets ; elle est Slave d’instincts et de cœur. Jaroslav le Grand que les critiques Slaves comparent, avec une exagération sur laquelle il est inutile d’insister, à Charlemagne, inaugure une politique nettement Byzantine. Par son goût des lettres, son empressement à ouvrir des écoles, à élever des églises, à édicter des lois sages, entreprises pour lesquelles il s’inspirait tout naturellement des exemples Byzantins, Jaroslav cimenta pour jamais l’union étroite entre la civilisation Russe et l’orthodoxie Grecque.

Depuis la mort de Jaroslav jusqu’à l’invasion Mongole, il n’y a pas, à proprement parler, d’histoire Russe ; en un siècle et demi, un historien compétent n’y a pas compté moins de 64 principautés