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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

au niveau des exigences modernes. Mais ce qui est digne de remarque, c’est que les dépenses navales ont augmenté dans le même espace de temps de 324.997.375 à 775.000.000 de francs, soit 450 millions de plus en 1903 qu’en 1888 et cela sans préjudice des crédits exceptionnels pour la construction de nouveaux navires ; il ne s’agit ici que des dépenses annuelles. Or, nul ne prétendra qu’en 1888, la flotte Anglaise ne fût pas au niveau des autres flottes puisqu’elle les dépassait toutes en puissance numérique et les égalait à tout le moins en qualité professionnelle. Le total actuel du budget de guerre de la Grande-Bretagne atteint donc 1.730.000.000 de francs, ce qui signifie qu’il s’est accru en quinze années de plus d’un milliard.

La question n’est pas de savoir si l’Angleterre peut supporter ces frais énormes ; elle le peut. Son crédit et sa force de résistance financières sont bien au-dessus de ce que l’on croit ; mille folies n’en viendraient point à bout. Mais l’on peut se demander si elle en a pour son argent ; assurément non. L’économie, quand elle préside à de fortes dépenses, produit des merveilles ; mais chez nos voisins, le gouvernement pas plus que le particulier n’a le sens de l’économie. Le soldat Anglais revient très cher ; le marin également. Le canon et le torpilleur de même. N’empêche que la force Anglaise ne soit largement accrue désormais.

On se préoccupe d’ailleurs, outre-Manche, d’accroître la valeur de l’homme en même temps que celle de l’arme. Lord Selborne, premier Lord de l’amirauté, c’est-à-dire ministre de la marine et pas beaucoup plus compétent que M. Pelletan, seulement ayant un amiral pour collaborateur au lieu d’un professeur de chimie — a mis sur pied un projet draconien sur la formation du futur officier ; il prend le candidat à 12 ans et lui fait subir de neuf à dix années de préparation. D’autres propositions connexes méritent d’être signalées, par exemple l’assimilation des officiers combattants aux officiers mécaniciens, ceux-ci devant avoir désormais le commandement effectif dans les chambres des machines. On se rappelle ce qu’en France pareille assimilation a fait couler d’encre protestataire !

La Sardine.

Cette aimable et frétillante personne a fait beaucoup parler d’elle ces temps-ci. Elle a tourné le dos à nos pêcheurs Bretons,