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REVUE DU PAYS DE CAUX

lent exercice, qui rend très adroit est ce que les Anglais nomment dribbling ; au jeu de foot-ball, c’est un procédé fréquemment employé. Il consiste à courir en conduisant le ballon à petits coups de pied qui le maintiennent à terre entre les jambes, et le font pour ainsi dire courir avec le joueur. On pourrait signaler encore d’autres lancers, tel celui de l’épervier qu’on peut pratiquer à terre avec moins de danger et autant d’avantages que sur l’eau ; il comporte une grande part d’adresse et développe la poitrine en même temps qu’il requiert l’attention et la coopération de tous les membres.

Avec la gymnastique, c’est la natation qui complète l’enseignement de ce que nous avons appelé les exercices de sauvetage. On enseigne les mouvements de la natation à sec, sur le chevalet, et cet apprentissage donne de très bons résultats. N’empêche qu’il y a là une simple préface et qu’il ne faut pas attendre d’un élève exercé à sec, fut-ce pendant des années, qu’il se débrouille le jour où on le jettera dans l’eau ; son premier soin sera de couler à pic. C’est que nager est moins un art qu’une capacité. En anglais, on ne dit pas : savez-vous nager ? Mais bien : can you swim ? pouvez-vous nager ? Et c’est une faculté, en effet, une faculté endormie qu’il faut réveiller ; chez certains, son sommeil est même si profond qu’on ne parvient jamais au réveil ; le cas, toutefois, est rare. Il résulte de tout ceci que la première condition à assurer à l’élève, c’est la sécurité. Ni la faible hauteur de l’eau, ni la ceinture de liège ne valent à cet égard la corde légère mais résistante enroulée autour des reins et tenue du bord ou du bateau. Dès que l’élève connaît les mouvements qu’il a à exécuter, c’est à ce procédé qu’il faut avoir recours et il n’y a nul inconvénient à le prolonger très longtemps. Le nageur est exposé en effet à des « reculs de confiance ». Une vague qui l’étouffe, une crampe qui le paralyse, un courant qui l’entraîne et aussitôt le voisinage du danger qui, en somme, l’étreint de toutes parts, se révèlera à lui avec une intensité pouvant laisser des traces. Relié à la terre ou au bateau, il prendra au contraire ses ébats sans arrière-pensée et cet état d’âme est nécessaire à l’espèce de modification organique qui s’opère en lui et, d’un animal hostile à l’eau, fera un animal flottant.

Maintenant, l’éducation du nageur n’est pas complète parce qu’il est arrivé à se soutenir et à progresser dans l’élément liquide. Il est bon qu’il sache encore plonger, nager avec ses habits, chavirer et enfin ramener à terre un fardeau. Si vous n’avez pas à portée la nappe d’eau douce ou salée qui vous permettra d’apprendre à