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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



Tous les journalistes ont philosophé à propos des incidents de Londres. Henri Rochefort lui-même, s’est arrêté, un peu ému, en face de cette force secrète et intangible qui culbute instantanément tous les beaux plans des hommes ; bien heureux encore quand elle ne les tue pas par milliers, sans leur donner le temps de se retourner. Un volcan qui saute et un quart d’heure après, voilà une ville de 30,000 habitants qui n’existe plus. Un petit abcès qui se forme et voilà tout un peuple dans l’embarras, des millions dépensés en pure perte et je ne sais combien de princes et de grands personnages qui ont fait inutilement de longs voyages. Appelez cela la Providence, appelez cela le Hasard ; c’est tout de même une puissance ingouvernable qui échappe à vos cornues, messieurs les savants, et se rit de vos diagnostics, messieurs les médecins.

Pax Britannica.

Ce couronnement, pourtant, semblait avoir mâté le destin ; le succès s’en annonçait complet, à la plus grande satisfaction du souverain qui y avait attelé toutes ses pensées et tous ses désirs. La seule ombre dont on pût redouter la présence au centre d’un tableau si brillant, c’eut été la prolongation de la guerre Sud-Africaine ; et voici que l’habileté de Lord Kitchener et la sagesse des guerriers Boers s’étaient données le mot pour mettre fin au durable conflit. Une paix, également honorable pour les vainqueurs et les vaincus, marquée au coin de la modération et du bon sens, pleine de promesses fécondes pour l’avenir, s’est établie au Transvaal ; et, tout de suite, des paroles ont été échangées, des actes se sont accomplis qui constituent, à n’en pouvoir douter, l’aurore d’une réconciliation si nécessaire. La raison d’être de la domination Britannique, c’est la Paix, cette paix célèbre que les Romains s’enorgueillissaient de répandre dans l’univers et qu’avec une légitime fierté, ils dénommaient la paix Romaine : Pax Romana. Ce n’était pas seulement l’absence de guerre ; et même ce n’était pas cela tout à fait, car l’empire Romain entretenait une