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Page:Revue du Pays de Caux n3 mai 1903.djvu/10

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REVUE DU PAYS DE CAUX

Le discours de M. Chamberlain.

Si le grand homme de Birmingham n’avait point reçu du ciel l’art de parler à tort et à travers, les paroles qu’il vient de prononcer auraient eu de par le monde, un retentissement inouï. Qu’un ministre — presque un premier ministre — de la couronne Britannique, annonce solennellement que l’heure est venue de réaliser le nouveau Zollverein et de faire l’union commerciale entre toutes les parties de l’empire, voilà certes de quoi remuer l’opinion. Par malheur, l’opinion a encore dans l’oreille le bruit des coups de tam-tam à l’aide desquels M. Chamberlain, non content d’avoir injurié successivement la France et la Russie, prétendit réaliser l’entente avec les États-Unis, et signer un pacte avec l’Allemagne. Autant de vains discours, autant de feux d’artifice vite éteints. Dès lors, il n’y a pas de raisons pour s’émouvoir outre mesure, de ce que vient de dire l’homme aux orchidées, encore qu’il convienne de ne pas perdre de vue cette question ; car, à notre avis, le Zollverein Anglo-Saxon n’est pas seulement une menace ; ce pourrait devenir une réalité, et voilà une raison de plus pour les nations de l’Europe de ne point isoler l’Angleterre ; faites le plus de commerce possible avec elle, c’est le meilleur moyen de la détourner d’un protectionnisme impérial, auquel elle perdrait, mais auquel l’Europe perdrait plus encore.

Concours de télégraphistes.

La scène se passe à Paris : il y a 430 postes à pourvoir ; 9 000 aspirantes se présentent. Ce n’est déja pas normal socialement, ce chiffre. Mais devinez ce qu’on leur demande à ces jeunes filles : une composition Française ! — et devinez le sujet offert à leurs élucubrations : Un orage dans les Pyrénées ! Ô Sévigné, où vas-tu te nicher ? Ainsi, pour bien télégraphier, il importe de savoir décrire un orage dans les Pyrénées ; pourquoi pas sur le Fusiyama ou le Rouvenzori ? Je me serais imaginé, naïf, qu’il convenait avant tout de savoir où sont situés Port-Arthur et Boulouwayo, et de pouvoir siffler un peu d’Anglais, mâcher quelque Allemand, voire même habler deux onces d’Espagnol !… Mais, point du tout. L’orage dans les Pyrénées est infiniment plus utile : on apprend