Page:Revue du Pays de Caux n4 juillet 1903.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

nyes de Massenet, diverses œuvres de Saint-Saens et surtout l’Iphigénie en Tauride de Gluck récoltèrent des ovations méritées. Essayez donc de jouer Macbeth à Orange et de chanter les Erinnyes à Bussang… Cela n’ira plus. Pourquoi ? Étrange lien de l’homme avec la nature. Ses œuvres sont tissées de soleil ou de brume, de somptuosité ou de rudesse selon les horizons qui les virent éclore ou qu’elles évoqueront. Mais brume ou soleil, le plein air est un élément de beauté. Ne l’oublions plus.

Comment les Anglais capitulent.

Un petit truc national qui réussit toujours, c’est celui qu’emploient les Anglais lorsqu’ils ont un échec quelconque à masquer ; mais il ne suffit pas que le gouvernement s’en mêle, c’est l’opinion toute entière qui doit savoir affecter la satisfaction qu’elle n’éprouve pas. On est joliment fort quand on agit de la sorte ; nous autres, nous ignorons cette manière de faire. Exemple récent : le traité de commerce entre l’Angleterre et la Perse. À Londres, on s’en montre charmé. Or, cet instrument (rédigé en Français et en Persan par parenthèse) consacre des droits de 40 et 45 % sur certaines marchandises, en remplacement du droit unique maximum de 5 % qui résultait du traité de Turcoman-Chaï conclu entre la Perse et la Russie en 1828 et dont les clauses avaient été étendues aux autres nations. Un nouveau traité a été passé l’an dernier entre le royaume du Shah et son puissant voisin ; sous couleur d’élever les droits de douanes en faveur de la Perse, il place en réalité le commerce Persan entre les mains de la Russie. Le coup a été dur pour l’Angleterre et les quelques avantages, très relatifs, qui viennent de lui être concédés ne sont pas de nature à pallier ses regrets. Mais n’est-il pas plus habile de dissimuler sous un contentement bien joué un ennui que rien ne peut vous éviter ?

La question du Latin.

Nos excellents universitaires se croient des gens ultra-modernes parce qu’ils pourchassent le latin dans tous les coins — et avec le latin, le grec et la culture classique en général. Hier encore, ils supprimaient la thèse latine pour le doctorat ès-lettres. La discussion ne paraît pas avoir été longue. On a écouté par politesse le discours de M. Gaston Boissier, mais le conseil supérieur de l’ins-