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LE CONCLAVE

successeur à Léon xiii, les cardinaux avec leurs suites se trouvèrent entassés au nombre de deux cents dans des locaux très restreints ; la chaleur était extrême et tout de suite la malaria éclata faisant de nombreuses victimes.

Voici, d’après le Temps, quelques détails circonstanciés et intéressants sur la tenue des séances.

Après les « novemdiales » d’offices funèbres en l’honneur du pape défunt et de congrégations générales, les cardinaux se réunissent le dixième jour pour célébrer la messe du Saint-Esprit avant d’entrer en conclave. La messe est chantée par un des cardinaux les plus anciens de l’ordre des prêtres ; à la fin le prélat désigné par le Sacré-Collège prononce le sermon pro eligendo Pontifice.

Après cet office, les cardinaux retournent une dernière fois dans leur domicile particulier pour se préparer à l’entrée en conclave qui a lieu le soir. La plupart se rendent d’assez bonne heure dans l’après-midi au Vatican pour prendre possession de leurs « cellules » et s’y installer définitivement avec leurs deux conclavistes.

Le terme de « cellule » est consacré par l’usage, mais il ne répond plus à la réalité. Depuis les deux derniers conclaves, les cardinaux et leurs conclavistes sont installés dans de petits appartements ; chacun a la disposition de plusieurs pièces. À cet effet on évacue un certain nombre des locaux occupés habituellement par les bureaux ou le personnel du Vatican. D’autres, plus à envier encore, sont installés dans les loges et méditent devant leurs sublimes peintures.

Vers cinq heures du soir, tous les cardinaux se réunissent dans la chapelle Pauline, le doyen entonne le Veni creator, et, précédés de la croix, tous se rendent à la chapelle Sixtine, en traversant la salle royale, où après les prières prescrites et la lecture des constitutions papales, a lieu la prestation du serment. On introduit d’abord le prélat majordome, gouverneur du conclave, puis le maréchal du conclave avec ses quatre officiers, son gentilhomme et les personnages de sa suite. Le prince, un Chigi — la charge est héréditaire dans cette famille — à genoux devant l’autel, jure, en présence des cardinaux, de veiller à leur sécurité. Puis on reçoit le serment des officiers de la garde suisse, de la garde palatine et de la gendarmerie qui sont préposés avec le majordome et le maréchal à la garde extérieure du conclave.

Les cardinaux se retirent, mais dans la soirée le camerlingue et