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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

Choses d’Angleterre.

Ce rôle que les Boers pouvaient jouer et qu’ils ont malencontreusement laissé échapper, c’est Chamberlain — ô ironie du sort ! — qui s’en est emparé. L’infatigable ministre, sur lequel l’âge et les soucis n’ont décidément point de prise, part pour l’Afrique Australe afin de se rendre compte, par lui-même, des mesures qu’y comporte une situation, sinon précaire, du moins confuse. Certes, l’homme n’est pas devenu plus sympathique ; aucun succès ne le rendra tel. Mais le politique a récemment mérité quelques bons points. Lorsque l’imprudent Lord Milner a voulu préconiser cette absurde suppression du gouvernement constitutionnel au Cap qui revenait, pour atténuer quelques difficultés présentes à préparer une guerre civile certaine, Chamberlain a fait la sourde oreille ; et, Lord Milner récidivant, il a délibérément refusé de se prêter à pareil jeu. S’il achève, là-bas, de décourager les projets d’un proconsul maladroit et s’il sait parler aux Hollandais un langage à la fois ferme et clément, beaucoup de bien peut résulter de ce voyage.

Pendant ce temps-là, le Duc de Connaught, frère du Roi, ira présider à Delhi le Durbar de l’empire Indien. Ces rares solennités, où se rendent tous les vassaux de la couronne impériale, se déploient au milieu d’une pompe asiatique sans égale ; on devine que le Durbar d’Édouard vii dépassera encore en éclat ceux qui furent tenus sous le règne de sa mère. À citer encore parmi les choses d’Angleterre, la pose du câble du Pacifique qui achève de relier les unes aux autres, toutes les portions des vastes domaines du nouveau roi. M. Chamberlain à Londres, Lord Minto à Ottawa, Lord Tennyson à Sydney ont passé la journée de l’inauguration à se complimenter gentiment et, mon Dieu ! ils en avaient bien le droit. C’est là une œuvre considérable et d’une haute portée.

Voilà donc le ciel Britannique de nouveau découvert. Un combat malheureux contre le Mad Mullab, chef des indigènes révoltés de la côte des Somalis, peut amener une série de difficultés sérieuses. Mais qu’est-ce cela, après les angoisses et les labeurs des années précédentes ? Que nos lecteurs suivent nos conseils et qu’ils ne se laissent plus emballer par des dissertations ignorantes ou trompeuses. L’Angleterre est plus forte que jamais ; voilà le fait. Nous n’avons cessé de le prévoir et d’y insister. On peut s’en désoler. En tout cas, il convient d’en tenir compte.