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REVUE DU PAYS DE CAUX

royaume dès sa constitution et avant même l’annexion de Rome, n’était pas brillante. En 1859, on a calculé qu’en additionnant les différents budgets des états indépendants de la péninsule, on arrivait à un déficit de 50 millions et à une dette totale de 2 milliards. Or, en 1863, au lendemain des annexions, le déficit du royaume d’Italie montait à 350 millions et la dette à 4 milliards ; autrement dit la dette avait doublé et le déficit était devenu sept fois ce qu’il était auparavant. Voilà ce que coûtait l’unité. Il convient de mettre en regard ce qu’elle rapporte. Depuis 1897, les budgets annuels qui se soldaient en déficits se sont liquidés par des excédents atteignant jusqu’à 60 millions par an ; celui de 1900-1901 apporte 41 millions et celui de 1901-1902, 32 millions d’excédents. « Pour les cinq dernières années, l’excédent total des recettes sur les dépenses a été de 212 millions avec lesquels il a été éteint pour 24 millions de dettes, construit pour 95 millions de voies ferrées, payé les frais de l’expédition de Chine et laissé près de 93 millions à la disposition du trésor ». Ainsi s’exprime M. des Essars dans la préface qu’il a écrite pour le dernier et intéressant ouvrage de M. Edmond Théry, sur la situation économique et financière de l’Italie. Dans cet ouvrage, l’éminent directeur de l’Économiste Européen passe en revue les différentes sources de la fortune publique et les multiples manifestations de l’activité patronale ; sans s’exagérer le moins du monde la portée de certains chiffres, il trace un tableau très précis de la prospérité à laquelle l’Italie est parvenue ; ce tableau est digne d’être médité parce qu’il donne une singulière valeur à l’amitié que l’Italie nous offre. Dans le monde, les particuliers qui s’enrichissent sont, en général, d’autant moins prompts à témoigner de bons sentiments à ceux qui les ont aidés en des temps moins heureux ; il en va de même entre nations. Sans doute, l’Italie s’est convaincue qu’il était de son intérêt d’entretenir d’amicales relations avec sa voisine ; elle a reçu, à cet égard, une sérieuse leçon de choses. Lorsque Crispi prit le pouvoir, la situation financière était fort obérée. M. Deprétis avait accru encore la dette et augmenté les impôts. Son successeur voulut rompre les rapports commerciaux avec la France ; le traité existant ayant été dénoncé, le commerce général de l’Italie qui atteignait 2.607.000.000 en 1887, tomba l’année suivante à 2.066.000.000, c’est-à-dire qu’il perdit près de 550 millions. C’est beaucoup assurément, mais cela ne ressemble point cependant à l’espèce d’effondrement auquel nous avions