Page:Revue française de psychanalyse, tome 10, numéro 2, 1938.djvu/36

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« Par contre, Mme Fanny de Pistor ne lui demandera rien de déshonorant (qui puisse lui faire perdre son honneur d’homme et de citoyen). En outre, elle devra lui laisser six heures par jour pour ses travaux, et ne jamais regarder ses lettres et ses écrits. À chaque infraction ou négligence, ou à chaque crime de lèse-majesté, la maîtresse (Fanny Pistor) pourra punir selon son bon plaisir son esclave (Leopold de Sacher-Masoch). Bref, le sujet obéira à sa souveraine avec une soumission servile, il accueillera ses marques de faveur comme un don ravissant, il ne fera valoir aucune prétention à son amour, ni aucun droit à être son amant. Par contre, Fanny Pistor s’engage à porter des fourrures aussi souvent que possible, et surtout lorsqu’elle sera cruelle.

(Biffé plus tard :) À l’expiration des six mois, cet intermède de servitude sera considéré comme non avenu par les deux parties, et elles n’y feront aucune allusion sérieuse. Tout ce qui aura eu lieu devra être oublié, avec retour à l’ancienne liaison amoureuse.

Ces six mois ne devront pas se suivre ; ils pourront subir de grandes interruptions, commençant et finissant selon le caprice de la souveraine.

Ont signé, pour confirmation du contrat, les participants :

fanny pistor bagdanow.
Leopold, chevalier von sacher-masoch.


Marié, il amena avec une persévérance et une ingéniosité superflue sa femme (qui d’ailleurs s’exécuta avec une grande complaisance où entrait beaucoup de sadisme) à le maltraiter moralement et corporellement.

Voici encore des engagements signés de part et d’autre :


Mon esclave,

Les conditions, sous lesquelles je vous accepte comme esclave et vous souffre à mes côtés, sont les suivantes :

Renonciation tout à fait absolue à votre moi.

Hors la mienne, vous n’avez pas de volonté.

Vous êtes entre mes mains un instrument aveugle, qui accomplit tous mes ordres sans les discuter. Au cas où vous oublieriez que vous êtes mon esclave et où vous ne m’obéiriez pas en toutes choses absolument, j’aurai le droit de vous punir et de vous corriger selon mon bon plaisir, sans que vous puissiez oser vous plaindre.

Tout ce que je vous accorderai d’agréable et d’heureux sera une grâce de ma part, et vous ne devrez ainsi l’accueillir qu’en me remerciant. À votre égard, j’agirai toujours sans faute, et je n’aurai aucun devoir.

Vous ne serez ni un fils, ni un frère, ni un ami ; vous ne serez ainsi rien que mon esclave gisant dans la poussière.

De même que votre corps, votre âme m’appartient aussi et, même s’il vous arrivait d’en souffrir beaucoup, vous devrez soumettre à mon autorité vos sensations et vos sentiments.

La plus grande cruauté m’est permise et, si je vous mutile, il vous faudra le supporter sans plainte. Vous devrez travailler pour moi comme un esclave et, si je nage dans le superflu en vous laissant dans les privations et en vous foulant aux pieds, il vous faudra baiser sans murmurer le pied qui vous aura foulé.

Je pourrai vous congédier à toute heure, mais vous n’aurez pas le droit de me quitter contre ma volonté, et si vous veniez à vous enfuir, vous me recon-