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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/422

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polyphonie, tend à récupérer la place prépondérante qu’elle occupait autrefois, sans retomber, bien entendu, dans les formes surannées — elles ne le sont pas toutes — de l’opéra ancien. L’emploi des thèmes caractéristiques et le style orchestral sont susceptibles de progrès indéfini dans le sens de la souplesse, de la force, de l’expressivité. Que la musique dramatique s’attache de plus en plus à exprimer fidèlement le poème, quelle ne songe plus à vivre en dehors de lui, c’est merveille. Elle peut faire cela sans renoncer à sa splendeur. Mais, de grâce, qu’elle ne se laisse pas absorber par le drame. Son rôle est de chanter par les multiples voix de l’orchestre et des personnages, et c’est elle, en définitive, qui doit dominer toujours, qui doit exalter surtout notre sensibilité. Puisse la tentative, réussie pour une fois, de Pelléas ne pas faire éclore d’autres partitions qui ne seraient point justifiées par un tempérament exceptionnel et dont on puisse dire avec plus de vérité que de Pelléas : Il y a là de l’impressionnisme aigu, des bruissements, des frissons, des sanglots ; on y entend des successions singulières d’accords parfaits et de tons entiers, d’amusantes sonorités orchestrales, mais on y trouve peu de musique.

Un debussyste me demandera peut-être : Qu’est-ce que la musique ? Ne devrai-je pas lui répondre, en m’inspirant des principes du vieil oncle de Jean d’Udine[1], que je me garderais de choisir comme directeur esthétique, mais qui a du bon pourtant : La musique, c’est ce que j’aime ? Mais non, j’essayerais de répondre autre chose. Ne soyons point subjectivistes en art, théoriquement du moins ; car le scepticisme nous guette, et le scepticisme, voilà l’ennemi ! La beauté existe en soi, c’est entendu ; seulement, c’est le diable qu’on ait tant de peine à la reconnaître avec certitude sous son masque.

Charles Martens.


II.

un grand symphoniste catholique : anton bruckner.


Il eut la foi de César Frank, le grand symphoniste catholique français. Et c’est avoir du coup pas mal de choses communes avec

  1. L’École des amateurs.