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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/440

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belles pages catholiques qui aient été écrites, fût-ce l’Imitation, règne l’ordonnance souveraine d’un organisateur de grandes pompes religieuses. L’orchestre encadre le flot de voix de dessins indéfiniment répétés, d’arabesques constantes. La même figure d’accompagnement sousbase le Te Deum entier, et cette figure répercute les deux premières mesures de la IXe symphonie de Beethoven et semble souder les deux œuvres.

Et maintenant je crois en avoir assez dit, non pas, hélas ! pour avoir expliqué Bruckner et son œuvre, ni même pour en avoir donné une idée suffisante, mais simplement pour avoir appris à quelques catholiques de plus une immense gloire catholique. Pour me résumer je dirai : Qu’on imagine un Hello paysan, avec du soleil dans le cœur et de beaux paysages montagneux et forestiers dans les yeux, qui serait un grand poète, un grand créateur et qui disposerait d’une sorte d’omnipotence musicale, et l’on sera bien près de se représenter Bruckner. Il y a quelques mois, dans une bibliographie, une objection m’avait été posée : Comment pouvais-je mettre cet inconnu ou ce méconnu qui a eu nom Bruckner à la même hauteur d’admiration que Bach ou Beethoven. Il y avait quelqu’un qui aurait pu répondre à cette question avec les ressources d’une érudition musicale plus complète que la mienne : mon ami M. Marcel Montaudan, et je l’en avais prié. Mais puisque j’avais été mis en cause, je me suis décidé à m’expliquer moi-même. Je tenais du reste à avoir dit une bonne fois à un public catholique qui est Bruckner. J’ai mis à le faire tout mon cœur et toute ma bonne volonté, et j’ose espérer que ces quelques pages auraient été une joie pour le bon vieux Maître qui, sa vie durant, ne fut jamais gâté. Aujourd’hui nous sommes cent et sommes mille à chanter quelque chose qui voudrait être son Te Deum en remerciement du grand don qui a été fait à la terre de sa personne. Mais c’est trop tard. Il a appris à ne plus se soucier de l’opinion de M. Hanslick. Et j’ai la ferme confiance que nous pouvons lui demander de prier pour nous.


William Ritter.