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Page:Revue historique - 1893 - tome 53.djvu/288

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La date que nous assignons à l’enlèvement du sceau, — commencement de juin, — ne se justifie que par l’ensemble du récit. On remarquera cependant qu’il n’aurait plus été nécessaire après les conférences de Gisors (28 juin) et la réconciliation des partis. D’autre part, Louis approuvait le couronnement d’Isabelle, et gardait donc encore quelque influence dans les derniers jours de mai.

Nous n’avons qu’une seule charte de Louis VII de 1180, et par conséquent postérieure à Pâques (20 avril), d’après le commencement de l’année alors en usage[1].

Quant à Philippe-Auguste, il a expédié du vivant de son père des chartes dont les formules ne se distinguent en rien de celles qui sont données après la mort de Louis VII[2].

En cela il n’a fait que suivre l’exemple du comte de Flandre, qui donna déjà, onze ans avant la mort de son père, un fort grand nombre de diplômes en son propre nom[3].

Le procédé dont Philippe-Auguste usa envers son père est de la même nature que l’expulsion d’Adèle. Il ne souffre aucune puissance à côté de lui et ne permet à personne de disposer des forces militaires du pays. Tant que Louis VII était à même de prendre des dispositions légales, il fallait toujours craindre que la reine Adèle et ses frères ne se servissent de lui contre le jeune roi. Celui-ci une fois entré en Auvergne, le lit du roi malade serait devenu un foyer d’agitation, le centre d’un second gouvernement empressé de contrecarrer la politique régnante.

Rien ne nous force à croire que, dans sa conduite vis-à-vis de son père, Philippe-Auguste ait dépassé les limites de la nécessité absolue. Il parait même que cet épisode n’a été que très peu connu ou du moins qu’on a voulu l’oublier au plus vite. Une seule source en parle ; nulle part on ne trouve trace d’une mauvaise intelligence entre le père et le fils.

  1. Plus haut, au Couronnement. Sur le commencement de l’année, voir les remarques critiques de M. R. de Lasteyrie dans l’introduction du Cart. génér. de Paris, p. XXIX et XXXII.
  2. Catalogue, nos 1-5.
  3. Warnkœnig-Gheldolf, I, p. 196.