Aller au contenu

Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et polémiste politique, voilà deux aspects bien différents du capucin qu’on nous révèle à la fois. Et, à mon sens, il serait bien difficile de les concilier, et il le faut pourtant, puisqu’ils sont également unis, si l’on n’admettait pas que de très bonne heure le Père Joseph ait subordonné ses rêves au succès des entreprises de Richelieu au point de paraître, non seulement dans la diplomatie, mais dans la presse, son agent.

Faut-il aller jusqu’à considérer avec l’abbé Dedouvres le confident de Richelieu comme le directeur du Mercure français ? La seule preuve critique que l’auteur de cette thèse fournisse, c’est qu’en 1638, année de la mort du Père Joseph, le tome XXI du Mercure a paru chez un autre imprimeur que les vingt premiers. Si l’argument était décisif, pourquoi le tome X avec lequel aurait commencé la direction du Père Joseph et les suivants auraient-ils été publiés par le même imprimeur que les neuf précédents ? Je ne suis pas convaincu par toute la série des raisons littéraires qu’apporte l’auteur de cette thèse. Entre le tome X et le tome XXI, le Mercure français contient des récits de missionnaires, et visiblement de capucins, où l’on peut retrouver la pensée et la plume du Père Joseph ; il renferme des libelles politiques qu’on lui doit, pour une bonne part, attribuer. De ce que le Père Joseph a été fréquemment le collaborateur du Mercure, est-on en droit de conclure qu’il en a été le directeur de 1624 à 1639 ? Et sur quelle preuve l’abbé Dedouvres s’appuie-t-il pour reprocher à Barbier d’avoir attribué la direction du Mercure à Jean Richer ? Je conclus avec lui, contre lui : « ce que le Père Joseph a été pour la Gazette, qui paraissait sous le nom de Renaudot, un collaborateur, il a pu, il a dû l’être pour le Mercure, qui parut anonyme jusqu’au jour où il passa aux mains de Renaudot[1]. » Rien ne prouve qu’il ait été davantage le directeur des premiers journaux français, le vrai fondateur du journal en France. S’il tient à l’établir, l’abbé Dedouvres nous en doit d’autres preuves.

En les attendant, nous le remercierons de ce que son étude suggestive et sagace apporte encore de nouveau, d’inédit, aux belles études de M. Fagniez, auxquelles il semblait qu’on ne pût rien ajouter.


Émile Bourgeois.


Les étapes de l’histoire sociale de la Belgique (Bruxelles, Anvers, Gand, Liège), par Maurice Heins (Extrait de la Revue de Belgique). Bruxelles, Weissenbruch, 1895. In-8o.


Ce livre est fait avec des ouvrages de seconde main. Il ne contient aucun texte nouveau, aucun fait nouveau ; on ajoutera qu’il ne contient aucune idée nouvelle. L’auteur s’attarde même à des hypothèses anciennes et qui sont à présent abandonnées : par exemple celle qui fait sortir

  1. P. 528.