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Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/59

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finances en Angleterre[1]. » Il en fit, en réalité, son « prêteur général et attitré, » jusqu’au jour où l’adroit Italien vint en France, y reçut plusieurs charges, s’installa auprès du trésorier ducal et se fit méthodiquement rembourser, jusqu’à sa mort, ce qu’il prétendait avoir avancé[2].


III.


On comprend maintenant quel implacable enchaînement des circonstances, — exigences de Thomas de Lancastre, défaite d’Azincourt, mort de Berry, ruine de Charles d’Orléans, — concourait à prolonger, au delà de toute mesure, la captivité du comte d’Angoulême. Il est d’autant plus intéressant de savoir comment vivait le comte prisonnier ; quelles résidences et quel entourage lui donnaient ses maîtres ; quelles occupations lui étaient permises ; quelles dépenses nécessitait son entretien.

Jean appartint à Clarence jusqu’au jour où le prince anglais tomba, frappé d’un coup de lance à Beaugé et piétiné par les chevaux (21 mars 1421, n. st.). Sa veuve, Marguerite, eut son héritage, et Angoulême en faisait partie. Quand mourut la duchesse de Clarence, vers 1439, le captif passa au fils d’un premier mariage de Marguerite, Jean II Beaufort, comte de Somerset. Enfin, cinq ans après, le 27 mai 1444, au décès de Jean II, le comte d’Angoulême devint la propriété de la duchesse douairière, Marguerite de Somerset[3].

Ces maîtres différents, tous membres de la même famille, confièrent spécialement la garde du comte à un écuyer anglais, pourvu de bonnes charges en Normandie, Richard Walter[4].

Avec lui, Angoulême, autant que son itinéraire permet de s’en rendre compte, semble être demeuré constamment dans les mêmes séjours : du vivant de Clarence, Londres, de préférence ; du vivant de sa veuve, le château de Maxey ; exceptionnellement Gombridge[5]. Il n’eut ainsi que rarement l’occasion de voir le duc d’Orléans, dont

  1. Bibl. nat., nouv. acq. fr. 681, 3642.
  2. Ibid. et Arch. nat., J. 919, 26, fol. 74 ro et suiv., 78-80, 83 ro et 84 ro.
  3. Cf. Dugdale, Baron., II, p. 97, col. 2 ; p. 122, col. 2.
  4. Bailli d’Évreux et capitaine de Conches (ch.-l. de cant., Eure) en 1476 ; bailli de Caen en 1430. Brit. Mus., Addit. chart. 1102, 1124, 1432-1433, 1512, 3612. — Arch. nat., K. 63, 711, 13 bis. — Bibl. nat., Pièces orig. 3044, nos 67, 576, p. 3-12 ; fr. 26264. — Villevieille, Titres orig. 2, fol. 181. — Laborde, Ducs de Bourgogne, cité, III, 6647 (c’est l’Addit. chart. 1512).
  5. Itinéraire de Jean d’Angouléme (inédit).