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En dehors de Suffolk, le comte attendait beaucoup de l’appui d’un des gardiens de son frère, d’un des compagnons de Clarence en 1412, du grand oncle d’Henri VI, de sir John Cornwall. Il ne croyait pas acheter trop cher sa protection. Mais il semble que Cornwall ait été un homme d’argent plus que de dévouement ; il songeait à ses intérêts avant de songer à ceux des prisonniers, et il aida moins les princes qu’il ne les exploita[1].

Si même nous écartons Cornwall et le douteux secours qu’il apporta au comte, il est presque inimaginable qu’avec toute l’industrie du Bâtard, l’empressement sincère de Suffolk et le coup de filet qui avait fait prendre à Beaugé deux fils de la duchesse de Clarence, Charles d’Orléans n’ait pu mener à bien l’élargissement de son frère. Marguerite n’avait-elle encouragé les négociations qu’avec la pensée cachée de faire sortir de prison Thomas Beaufort, puis de jouer Orléans ? Certes, il n’était même pas besoin d’une fourberie de plus. Les duperies des comptes de 1417, 1422, 1432 suffisaient. Elles n’avaient que trop bien tari les ressources de Charles. Il eût à peine fallu plus de la moitié des 40,000 écus auxquels étaient estimés les joyaux qu’on l’avait forcé à faire porter à Venise et qu’on lui vola, pour garantir sûrement à Tanguy les 23,000 écus de Beaufort. — Angoulême aurait été ainsi, en vertu d’un échange, arraché aux châteaux de Clarence.


Il faut savoir qu’à la vérité on demandait, dans le même temps, à d’autres mesures, le salut du comte. Cette introuvable somme que les prêteurs refusaient sur hypothèques, la dot d’une riche princesse l’apporterait ! — Et l’on s’avisa de marier Jean d’Angoulême.

On distingua d’abord l’une des filles de Nicolas III de Ferrare (1431). Assurément, le père s’était attiré un fort méchant renom. Marié trois fois, il avait en outre de sa progéniture légitime vingt-deux bâtards, et il venait de faire périr la seconde des trois femmes qu’il épousa, pour l’avoir surprise en flagrant délit d’adultère avec l’un de ses enfants naturels. Mais les fils de Valentine Visconti voudraient se souvenir seulement des anciennes relations de leur famille avec la maison de Ferrare[2]. Un des premiers officiers ducaux fut

    26, fol. 112 et 114. — Sur Guy de Rochechouart, voy. Nouv. biog. génér., XIV, col. 931-934.

  1. Cf. notamment Arch. nat., J. 919, 26, fol. 61, 65 vo, 67 ro, 69, 71-74, 78, 79, 82-85. — Arch. nat., K. 59, no  1, 16 ; 64, 378. — Bibl. nat., Moreau 705, fol. 3. — Brit. Mus., Addit. chart. 1400, 1404, 3458, 3638, 11434, 11448, 12074. — Rymer, t. IV, part IV, p. 164, 185.
  2. Arch. nat., K. 553, XI.