« la grosse finance » que paya Suffolk avant ou après son élargissement, d’une partie des deniers qu’on versa pour Beaufort, enfin de ce que put gagner la duchesse de Clarence à la seconde répartition de 1422, quand elle porta de 38,000 à 120,000 la part de son mari[1] Et nous ne disons rien des frais de l’entretien du comte qu’on exagéra comme à plaisir[2], ni du prix de son transport d’Angleterre en France qui aurait suffi à payer « le passage d’une armée[3], » ni de toutes les quittances dont les traces ne se sont pas conservées jusqu’à nous. Les chiffres précis nous manquent pour cette dernière partie de nos calculs. Mais tout nous autorise à penser que nous restons fort en dessous de la vérité en évaluant seulement à 100,000 écus ce qu’il faudrait additionner aux 196,164 payés en trop.
Ainsi, pour une rançon de 150,000 écus, près de 300,000 écus avaient été pour le moins donnés en 1445 et on réclamait encore 90,000 écus ! On avait le courage de demander à Angoulême, qui avait déjà, par deux fois, payé sa rançon, l’engagement solennel de la payer encore ! C’était assurément dépasser les limites naturelles du cynisme.
En prenant connaissance de ce chef-d’œuvre de l’escroquerie anglaise, « monseigneur d’Angolesme, » à ce que nous assurent les documents, « fut fort esbahy et fit difficulté de le signer, mais lors il fut menacé d’estre ramené en Angleterre[4]. » La torture de son âme dura vingt jours[5]. Pendant tout ce temps, Jean se débattit : l’écœurement de souscrire à un acte indigne lui était insurmontable ; il hésitait à pénétrer dans la vie libre par l’issue honteuse qu’on lui ouvrait ; il luttait bravement contre le fantôme de sa captivité renaissante. À la fin, ses forces épuisées, il se rendit. Il approuva le compte ! Et il crut sauvegarder sa conscience, son honneur, ses intérêts, en faisant quelques réserves vaines[6]…
À deux mois de cette crise, le dernier mercredi de mars, en l’an de
- ↑ Ces faits sont justifiés par les documents déjà cités plus haut en maint endroit.
- ↑ Arch. nat., J. 919, 26, fol. 104 ro, etc.
- ↑ Arch. nat., J. 919, 25, fol. 22 vo. Nous ne pouvons non plus apprécier exactement ce qui fut perdu en 1417 et suiv. sur 30,000 moutons que les banquiers refusaient de rembourser.
- ↑ Arch. nat., J. 919, 25, fol. 10 vo.
- ↑ Du 23 décembre 1444 au 31 janvier suivant ; cf. Ibid., J. 919, 26, fol. 32. M. de Maulde a donc tort de dire (Hist. de Louis XII, cit., I, 74, n. 4), en citant trop vaguement sa source, que Jean accepta tout par serment le 23 août.
- ↑ Ibid. et fol. 31 ; J. 919, 25, fol. 10 vo, 11 ro. Jean se réservait de vérifier les articles en souffrance, de valider les quittances rejetées, d’en produire de nouvelles, de se conformer en tout au traité de Buzançais.