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SAINT DOMINIQUE
ET LA
FONDATION DU MONASTÈRE DE PROUILLE


I.
Fondation du monastère de Prouille.


Une des particularités de l’hérésie albigeoise, c’est qu’elle essaya de se développer par l’apostolat des femmes. Le diacre cathare, Isarn de Castres, parcourait, vers 1205, les environs de Castelnaudary, tenait des assemblées de Croyants et soumettait les femmes aux rites mystérieux du Consolamentum, qui avivaient leur zèle en surexcitant leur imagination. C’est ainsi qu’il endoctrina Ermengarde, fille de Pierre Boyer[1]. À Fanjeaux, Guillelma Martina, veuve de Guillaume Lombard, prêtait sa maison aux réunions des hérétiques et servait d’intermédiaire entre eux et les tisserands du pays[2]. Cavaers, châtelaine du même bourg, resta pendant longtemps l’une des ferventes adeptes de la secte, et ce fut sans doute pour le faire oublier qu’elle fit, dans la suite, d’importantes largesses à Prouille[3]. La famille des Durfort était l’une des plus riches et des plus influentes du Lauraguais ; or, les hérétiques n’avaient pas, dans la région, de plus fermes soutiens que les femmes qui en faisaient partie. Dans une grande assemblée, tenue, en 1204, à Fanjeaux, l’évêque cathare, Guilabert de Castres, avait donné le Consolamentum à dame

  1. Bibliothèque de Toulouse, ms. 609. Enquête de Bernard de Caux, fol. 20.
  2. Ibid., fol. 160.
  3. R. P. Balme, Cartulaire ou histoire diplomatique de saint Dominique, p. 139.