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nationale. Les provinces révoltées restent continuellement au premier plan. J’avouerai pourtant que j’ai moins trouvé dans ce troisième volume que dans les deux précédents l’action même du peuple néerlandais. Débordé par la masse des faits politiques et militaires qu’il avait à raconter, M. Blok a craint, dirait-on, de donner aux causes sociales et économiques, qui, à côté de la question religieuse, ont tant contribué à déterminer la marche des événements, toute l’importance qu’elles méritent. Bien des questions se présentent à l’esprit dont, plus que personne, M. Blok eût pu donner la solution. Dans quelle mesure l’attitude religieuse de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple a-t-elle été influencée par la situation économique de ces divers groupes ? Quelles sont les causes qui ont favorisé en même temps l’extension de la démagogie en Flandre et celle du calvinisme ? Comment expliquer le triomphe de ce dernier dans le nord, alors qu’à la fin du XVIe siècle les protestants y étaient encore en minorité ? Sans doute, dans l’état actuel de nos connaissances, la réponse à ces problèmes n’est pas aisée, et il faut se garder de se laisser entraîner à la légère à invoquer des facteurs économiques et sociaux là où l’on n’en peut pas clairement démontrer l’existence. Plus la mode est aujourd’hui à l’histoire sociale, plus il importe à l’historien consciencieux de se garder de tout excès en cette matière. M. Blok a préféré en bien des cas l’abstention à une solution hasardée. Il faut reconnaître d’ailleurs qu’il a souvent (par exemple dans son excellent chapitre sur la séparation des provinces du nord d’avec celles du midi) indiqué la voie dans laquelle il convient, semble-t-il, de se diriger. Le succès de son livre et l’autorité de son nom ne peuvent manquer d’attirer les historiens hollandais vers plus d’un domaine encore inexploré. Toute œuvre de synthèse n’est-elle pas, en même temps qu’un tableau de ce que nous savons, une excitation à de nouvelles recherches ?


H. Pirenne.


Bullarium Trajectense. Romanorum Pontificum Diplomata quotquot olim usque ad Urbanum Papam VI (an. 1378) in veterem Episcopatum Trajectensem destinata reperiuntur, collegit et edidit Gisbertus Brom. II Tomi. Haga-Comitis, Mart. Nijhoff, 1891-1896. In-4o, LXXX-426 pages. 24 florins.


En un temps assez court, l’éditeur de ce livre a pu accomplir une tâche qui n’était rien moins qu’aisée. En compulsant les archives du Vatican, où il consulta en premier lieu les Regesta Vaticana et les Regesta Avenionensia, puis les Regesta de Curia et Secreta, qui lui fournirent aussi quelques documents, en fouillant dans les archives et les cartulaires de la Hollande et des pays qui l’environnent, il a réuni dans son Bullaire environ 2,300 documents, dont une très grande par-